Le programme d'enseignement de spécialité d'histoire des arts institue trois questions limitatives, qui s'inscrivent dans les trois thématiques : un artiste en son temps ; arts, ville, politique et société ; objets et enjeux de l'histoire des arts. Elles sont définies et renouvelées par publication au Bulletin officiel de l'éducation nationale.
Pour les années scolaires 2021-2022 et 2022-2023, la question retenue pour la thématique "Arts, ville, politique et société" est "Le voyage des artistes en Italie, XVIIe-XIXe siècles"
Le XVIIe siècle : les débuts du Grand Tour et les échanges artistiques en Italie
Ce Grand Tour ne correspond pas littéralement à un tour de l’Europe mais à un voyage dans quelques foyers artistiques et culturels européens (la France, les Pays-Bas, l’Allemagne…). Il permet de se familiariser à d’autres manières de vivre en Europe mais aussi de découvrir les grands artistes et œuvres du patrimoine culturel occidental. Le pays de prédilection du Grand Tour est l’Italie.
Ainsi, les voyages en Italie permettent de « mettre de l’ordre » dans l’héritage de la Renaissance italienne. Au XVIIe siècle, le séjour à Rome devient un passage obligatoire pour la formation des artistes français. Afin de favoriser la présence des artistes français à Rome, Louis XIV crée en 1666 l’Académie de France à Rome.
A partir de cette époque, deux tendances vont s’opposer dans la représentation picturale :
• La représentation d’après nature ou le rendu d’après nature.
• Une représentation idéalisée des modèles, représentation issue de l’héritage gréco-romain.
Ce grand tour a contribué à l’évolution des goûts artistiques et des styles au XVIIe et au XVIIIe siècles.
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A partir de trois vues de la villa Médicis (dessin, huile et photographie), le site "L'Histoire par l'image" retrace l'histoire de l'Académie de France à Rome. L'étude comporte trois parties : - le contexte historique qui permet de situer l'époque dans laquelle s'inscrit l'oeuvre, - l'analyse de l'image décrit l'oeuvre et dégage la signification des éléments offerts au regard de l'observateur, - l'interprétation met en évidence l'apport historique de l'image. (d'après www.histoire-image.fr)
http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=957 -
A l'occasion de l'exposition du Grand Palais intitulée "Nature et idéal : le paysage à Rome, 1600-1650, Carrache, Poussin, Le Lorrain", la Réunion des Musées Nationaux propose un dossier pédagogique qui invite à redécouvrir ce que l’on appelle le « paysage classique » : sa naissance dans une ville devenue un immense atelier, son épanouissement dans un milieu cosmopolite et son succès puisqu’il deviendra un modèle pour de nombreuses générations d’artistes. (D'après http://www.rmn.fr)
https://www.grandpalais.fr/fr/article/nature-et-ideal-le-paysage-rome-au-xviie-siecle-dossier-pedagogique
Le XVIIIe siècle : l’apogée du Grand Tour
Le Grand Tour culmine au XVIIIe siècle. Il comporte une fonction sociale car il permet de montrer un certain niveau de richesse et d’éducation, et pour certains permet une ascension sociale.
La pensée des Lumières prône les échanges intellectuels et la valeur émancipatrice du voyage. Il est perçu comme une méthode empirique pour découvrir de la vie d’autrui et de ce qui ne s’apprend pas dans les bibliothèques. La transmission du savoir se réalise par l’expérience personnelle et non par l’autorité. Source de tolérance, le voyage permet de trouver sa place dans l’espace commun. Les intellectuels créent un genre littéraire autour du voyage en Italie : échange épistolaire, journal intime, récit de voyages.
L’écrivain italien Casanova peut être considéré comme un écrivain en quête de liberté voyageant pour s’émanciper et connaitre le monde.
Au XVIIIe siècle, les artistes et aristocrates voyagent de plus en plus loin. Certains iront jusqu’en Grèce et même dans l’empire ottoman ou en Perse. L’Italie, et plus particulièrement Rome et Venise, restent des destinations privilégiées.
Les voyages en Italie sont aussi un moyen de redécouvrir l’Antiquité pour les artistes via les études de ruines. Au XVIIIe des fouilles archéologiques d’Herculanum (1738) et de Pompéi (1748) sont organisées, elles ont pour conséquence de jeter un nouveau regard sur les sociétés antiques et elles remettent au goût du jour le classicisme dans les arts. Les artistes et les voyageurs suivent avec attention ces fouilles car ils souhaitent avoir une image authentique de l’Antiquité.
L’architecte et décorateur Charles Percier remettra particulièrement à l’honneur l’Antiquité dans le mobilier et les projets architecturaux de la fin du XVIIIe siècle et sous le Premier Empire (1804-1815).
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Evocation du voyage. Meubles démontables ou pliables de la fin du XVIIIe siècle – lit en acier et bronze doré, secrétaire en acajou et acier, table-parasol– accompagnent des nécessaires de voyage et quelques objets liés au « tourisme ».
https://madparis.fr/memoire-et-voyages -
Une grande énergie anime la vie sociale. Fêtes officielles, opéra, théâtre, réceptions somptueuses, divertissements variés ponctuent le quotidien et étonnent les étrangers de passage. L’exposition évoque les derniers feux de la République avant sa chute en 1797, à travers des œuvres de médiums divers : peinture, sculpture, costume, objets d’art, instrument de musique, etc. En hommage à cette vitalité, musiciens, danseurs et comédiens dialogueront avec l’art et avec le public. (Réunion des musées nationaux - Grand Palais)
https://www.grandpalais.fr/fr/article/eblouissante-venise-le-dossier-pedagogique -
En quoi ce tableau diffère-t-il d’une simple peinture de paysage ?
https://www.panoramadelart.com/canaletto-mole-saint-marc
(Panorama de l'art) -
L’éruption du Vésuve qui a enseveli la ville de Pompéi sous un amas de cendres en l’an 79 de notre ère a eu pour effet de la préserver pendant les 17 siècles suivants. Redécouverte fortuitement en 1741, puis fouillée jusqu’à aujourd’hui, Pompéi constitue le plus extraordinaire témoignage de la vie quotidienne à l’époque romaine.
https://www.grandpalais.fr/pdf/DossierPedagogique_POMPEI.pdf -
L’architecte et décorateur Charles Percier, lauréat du Grand prix d’architecture en 1786, séjourne à l’Académie de France à Rome durant ses jeunes années. Ce voyage en Italie est un moment déterminant de sa carrière, comme pour de nombreux artistes européens du XVIIe au XIXe siècle. À l’éblouissement fondateur procuré par les beautés de la Ville éternelle, et à la confrontation in situ aux modèles révérés de l’Antiquité et de la Renaissance, s’ajoutent les liens personnels noués sur place et les premières occasions de faire connaître son talent.
Neuf grands albums contenant les 2.500 dessins italiens de Charles Percier sont aujourd’hui conservés par la bibliothèque de l’Institut. Numérisés, ils sont librement consultables et téléchargeables pour un usage pédagogique sur la bibliothèque numérique Minerv@. Le présent dossier propose une introduction à ce vaste corpus.
Les enseignants en histoire des arts désireux d’aborder en classe un exemple du voyage d’un artiste en Italie y trouveront un descriptif du séjour de Charles Percier dans ses aspects institutionnels, pratiques et personnels. Trente images issues du corpus de Minerv@ en accompagnent la lecture, donnant à voir le talent et les goûts d’un architecte dessinateur passionné d’Italie.
https://www.institutdefrance.fr/lesdossiers/le-voyage-en-italie-de-charles-percier-1786-1791/
Au XIXe siècle : la fin du Grand Tour et l’avènement du tourisme
A partir de 1789, durant la période de la Révolution française et du Premier Empire, la pratique du Grand Tour en France devient difficile à réaliser car les voyages dans le continent proche sont limités avec les guerres révolutionnaires puis napoléoniennes.
Le Grand Tour réapparait sous la période de la Restauration (1815-1848). Bien que moins fréquent, il est particulièrement prisé par les amateurs d’arts, collectionneurs et écrivains (Chateaubriand, Lamartine ou encore Madame de Staël). Les lettres et récits de voyages continuent d’être publiés. A la suite de ses séjours en Italie, l’écrivain Stendhal publie en 1817 un traité d’Histoire de l’art appelé Histoire de la peinture en Italie, et un récit de ses voyages dénommé Rome, Naples et Florence.
Au XIXe, les voyages en Italie restent néanmoins une source d’inspiration pour les artistes et une étape essentielle dans leur formation. Rome demeure l’épicentre : à la fois lieux de pèlerinage, du savoir et de paysage surprenant, ville qui attire tous les voyageurs.
Au XIXe, le voyage n’a plus uniquement une vocation initiatique, il sert à trouver un refuge, pour le plaisir des arts, des paysages, de la gastronomie… Le signe que le voyage entre progressivement dans une autre ère, celle du tourisme. Il faut voyager pour fuir une civilisation urbaine, l’idée de conquérir des espaces exotiques loin des grandes villes. L’essor des transports et l’avènement d’une bourgeoisie de plus en plus nombreuse favorisent aussi la naissance du tourisme.
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Illustrant la modernité de Stendhal, ce site réalisé par Lectura et la Bibliothèque municipale de Grenoble donne à voir les différentes facettes de l’homme, de la pensée et de l’œuvre.
https://www.lectura.plus/expositions/stendhal/default.html
(D'après www.lectura.fr) -
Au XIXe siècle, le développement des moyens de circulation et l'intérêt croissant pour l'archéologie contribuent à répandre la pratique du voyage en Italie au-delà des quelques lauréats du Grand Prix de Rome décerné par l'école des Beaux-arts de Paris. Le séjour transalpin devient alors un passage obligé de la formation architecturale. Le musée d'Orsay évoque les dessins de ces architectes inspirés par l'Italie, les études archéologiques qui se développe au XIXe s., les études de restauration, et présente le grand tour d'un architecte à travers l'exemple de Louis Boitte.
http://www.musee-orsay.fr/fr/manifestations/expositions/au-musee-dorsay/presentation-detaillee/article/litalie-des-architectes-du-releve-a-linvention-22607.html?tx_ttnews[backPid]=649&cHash=e71bbf8545
(www.musee-orsay.fr) -
Depuis la Renaissance, le voyage en Italie constitue une étape essentielle de la formation des artistes, A partir des années 1850, des photographes ouvrent des ateliers ou séjournent à Rome, à Florence, à Naples, à Venise... aux côtés des peintres, sculpteurs et architectes. A la même époque, le développement du tourisme fait naître chez les voyageurs l'envie de rapporter des souvenirs des lieux visités, entraînant la multiplication des vues d'églises, de palais, de fontaines. L'exposition du musée d'Orsay de 2009 présente des photographies des collections du musée d'Orsay, des tableaux et des sculptures riches de ces témoignages. (www.musee-orsay.fr)
http://www.musee-orsay.fr/fr/manifestations/expositions/au-musee-dorsay/presentation-detaillee/article/voir-litalie-et-mourir-20482.html?tx_ttnews[backPid]=254&cHash=96ef7281f5