L’exposition présentée à la Fondation Henri Cartier-Bresson jusqu'au 19 septembre 2021 est l’occasion de revenir sur l’un des photographes français les plus emblématiques des débuts de la photographie : Eugène Atget.

Né en 1857 à Libourne, Eugène Atget exerce un grand nombre de métiers, de mousse sur des bateaux de commerce, acteur ambulant, jusqu'à devenir photographe. Vers 1890, Atget ouvre un magasin de photographie proposant des "documents préparatoires pour les artistes". Il vend ses photographies de végétaux, de paysages et d’objets variés aux peintres comme Georges Braque, Maurice Utrillo ou Foujita.

"Atget était un homme de la rue, un artisan poète des carrefours de Paris"
Pierre Mac Orlan, Atget photographe de Paris, Henri Jonquières éditeur, 1930.

Atget gardera tout au long de sa carrière une démarche plus commerciale qu’artistique. Il assure lui-même l’ensemble de sa production : repérage, prise de vue, tirage des épreuves et enfin leur vente. Atget est particulièrement actif, il laissera à sa mort en 1927, plus de 8000 clichés.

A la fin du XIXème siècle, Atget s’emploie à enregistrer des centaines d’images pour rendre compte d’une époque, d’une ville - Paris - en plein bouleversement urbanistique. Le photographe laisse de côté les quartiers haussmanniens pour faire l’inventaire d’un Paris menacé de disparition.

À la même époque en 1897, est instituée au sein de la Préfecture de la Seine une Commission du Vieux Paris « chargée de rechercher les vestiges du vieux Paris, de constater leur état actuel, de veiller, dans la mesure du possible, à leur conservation » témoignant de l’intérêt des contemporains d’Atget pour la préservation du patrimoine parisien.

Eugène Atget conçoit ses images en séries. A partir de 1910, il regroupe ses photographies en albums thématiques pour les vendre dans son magasin et à différentes institutions publiques comme le musée Carnavalet, la Bibliothèque historique de la ville de Paris, la Commission du vieux Paris…

Deux albums "Vie et métiers à Paris" (1898-1900) et "Métiers, boutiques et étalages de Paris" (1898-1911) rendent compte des petits métiers condamnés par l’essor des grands magasins. Atget entreprend cette collection de métiers comme autant de traces d'une époque vouée à disparaitre. Il s’inscrit avec ces images pittoresques dans la longue tradition de la représentation des "cris de Paris ".

Eugène Atget n’est reconnu internationalement qu’à titre posthume grâce à la photographe américaine Berenice Abbott, assistante de Man Ray. Elle va rencontrer Atget peu de temps avant sa mort (1927) et découvrir l’incroyable richesse des clichés du photographe. Abbot assure le sauvetage du fonds d’atelier d’Eugène Atget en le rachetant et assure la reconnaissance de son travail par la publication de divers ouvrages. En 1926, quatre photographies d'Atget seront publiées anonymement dans La Révolution surréaliste, la revue d’André Breton.

Atget va être intronisé père fondateur de la photographie moderne alors même qu'il s'est toujours considéré comme un artisan loin de tout mouvement artistique. La série Paris pittoresque marque particulièrement les surréalistes et influencera de nombreux photographes comme Brassaï.