Définir l'art urbain ?

L’art urbain regroupe des formes d’art visuel réalisées dans et pour l’espace public. Ces pratiques se développent dans le monde entier depuis les années 1960 sous des formes diverses : graffiti, post-graffiti, muralisme, etc.

À l’origine, l’art urbain s’exerce sans autorisation, ce qui l’a longtemps distingué de l’art public. Son développement dans la rue nourrit ses spécificités, en lien étroit avec les cultures urbaines comme le skate ou le hip hop. L’art urbain dialogue également avec d’autres formes d’expression dans la rue, tels que l’art politique ou les écritures spontanées. Les artistes œuvrent hors de tout cadre institutionnel et recourent à des outils bon marché, permettant une grande reproductibilité. Ils privilégient les interventions furtives, sous pseudonyme.    

Mais s’il revêt souvent un caractère transgressif et éphémère, l’art urbain est de plus en plus valorisé et légitimé à travers des festivals, des expositions voire des commandes publiques ou privées.

Parce qu’elle se réfère à des pratiques et cultures distinctes (graffiti, pochoir, affichages, installations…), l’expression “art urbain” est sujette à débats et nécessite une prudence d'interprétation. Certains préfèrent à ce titre parler d’“art public indépendant”.

En savoir + : L'art urbain et ses pratiques : de quoi parle-t-on ? Conférence au musée des Beaux-Arts de Nancy, mai 2022

Principaux courants et techniques de l’art urbain

Courants

Graffiti

Attesté au milieu du XIXe siècle, le mot “graffiti” désigne d’abord l’ensemble des inscriptions officieuses tracées anonymement depuis l’Antiquité sur les murs et tous supports visibles du public. Aujourd’hui, le terme réfère aussi, et surtout, à une pratique scripturale et picturale, populaire et communautaire, née au cours des années 1960 à Philadelphie et à New-York. Dans ce sens spécifique, le graffiti-writing se décrit comme un mouvement esthétique global fondé sur le tracé à main levée d’un ensemble de lettres formant un pseudonyme, souvent agrémenté de symboles (flèches, couronnes, étoiles…) et de dessins (personnages, décors…). Généralement pratiqué en groupe à l’adolescence, il forme une culture alternative “underground" et “do it yourself” à l’identité très marquée.

Celle-ci se caractérise d’abord par le détournement des supports peints (métros, camions…), des outils employés (bombe aérosol, marqueur, puis rouleau…) et de l’imagerie charriée par les cultures de masse (bande dessinée, télévision, cinéma…).

Elle se fonde aussi sur un ensemble de règles de conduite transmises oralement : pseudonymat et entre-soi, valorisation de la prise de risque, compétition et coopération entre pairs....

Pour distinguer les formes et styles d’écritures développés par ses pratiquants, le graffiti a également développé une très riche terminologie : “tag” pour une signature monochrome de petit format, “bubble letters” pour des lettrages arrondis, “whole cars” pour des rames de métros intégralement peintes...

Rattaché à la fin des années 1970 au mouvement hip-hop, dont il est désigné comme le versant visuel, le graffiti est souvent associé à la nébuleuse des “cultures urbaines”. 

Street art

Les premières occurrences de l’expression “street art” dans la presse et l’édition étasuniennes à partir des années 1970 désignent une très grande variété de démarches artistiques, graffiti compris, dont le dénominateur commun est de s’exposer dans la rue. Elles réfèrent aussi bien aux affiches de Jenny Holzer ou de Christy Rupp, aux pochoirs de John Fekner, aux peintures de Richard Hambleton, aux dessins à la craie de Keith Haring, qu’aux graffitis de Lee Quinones ou Futura 2000.

En France, il faut attendre le début des années 2000 et l’apparition d’une nouvelle vague d’artistes urbains pour que l’expression se diffuse dans l’hexagone. Les pochoiristes (Blek le Rat, Miss.Tic, Jef Aérosol…), peintres (VLP, Jérôme Mesnager…) et affichistes (frères Ripoulin, Banlieue Banlieue…) qui œuvrent dans l’espace public dans les années 1980 sont nommés “picturo-graffitistes” ou “média-peintres”. Si Pierre Restany parle de “street art”, c’est pour désigner la collecte et le recyclage d’objets trouvés dans la rue par Karel Appel.

Aujourd’hui, le terme a perdu son caractère générique, du moins dans la bouche des artistes urbains : souvent employé en opposition à celui de graffiti, il désigne des pratiques, souvent figuratives, s’adressant au grand public et parfois au marché de l’art, et non à la seule communauté des graffeurs.

Le street art se caractérise par une grande variété d’outils et de techniques (pochoir, photographie, affiche, installation, détournement publicitaire, nouvelles technologies, mosaïque, tricot…). Il se marque souvent par son engagement politique : à la différence du graffiti, il promeut explicitement des valeurs et messages (anticapitalisme et anticonsumérisme, critique des frontières, écologie…). En cela, il se distingue du “post-graffiti” apparu à la fin des années 1990 : s’ils ont en commun l’affranchissement des règles esthétiques du graffiti (primat du lettrage, usage de la bombe aérosol, etc.) et le développement de pratiques d’atelier, le post-graffiti demeure déterminé par son lien avec le graffiti et le souci de rendre compte d’une pratique underground et furtive.

Néo-muralisme

Depuis les années 2000, des grandes peintures murales prennent vie sur les murs des villes. Ces gigantesques œuvres picturales sont souvent commanditées et réalisées par des artistes qui bénéficient à ce titre de moyens de production et de réalisation conséquents (nacelles, échafaudages, assistance, etc.). Leur format et leur mise en valeur en font les exemples les plus visibles de l'institutionnalisation de l'art urbain depuis une quinzaine d'années.

Le terme “néo-muralisme’’ a été théorisé par l'anthropologue Rafael Schacter et peut faire référence à la tradition muraliste du continent américain, notamment au Mexique au début du XXe siècle.

L’écriture cholo et la scène pixação : deux modèles alternatifs au “graffiti-writing américain"

D’autres pratiques de rue liées à la signature urbaine se sont développées indépendamment du graffiti-writing new-yorkais et du street art. 

À la fin des années 1930 à Los Angeles aux États-Unis, les gangs latinos d’origine mexicaine ont utilisé l’écriture cholo pour inscrire leurs noms sur les murs et revendiquer leurs territoires. Cette écriture s’inspire des polices gothiques et l’une de ses figures marquantes est l’artiste d’origine mexicaine Chaz Bojórquez dans les années 1970. Cette culture s’est ensuite diffusée en Amérique centrale.

Parallèlement, le phénomène de la pixaçao (littéralement “écriture en goudron”) est apparu au Brésil, à São Paulo, durant la dictature militaire (1964-1985). Les tagueurs brésiliens ont écrit leurs noms sur un très grand nombre de supports de la ville. La recherche de performance physique est très importante dans cette pratique à travers la recherche de supports d’expression parfois difficiles d’accès.

 

Quelques techniques

Pochoir

Le pochoir permet de reproduire un motif en appliquant ou en projetant de la peinture sur les parties évidées d’une ou plusieurs matrices. Ce procédé de reproduction facile d’accès et bon marché est prisé par nombre d’artistes urbains depuis la fin des années 1970.

Affiche

Développée aux XIXe et XXe siècles dans les champs de la publicité et de la propagande politique, l’affiche figure parmi les supports privilégiés des artistes urbains. Parce qu’ils exercent souvent sans autorisation et disposent de moyens précaires, ces derniers recourent aux procédés d’affichage les plus accessibles et bon marché : sérigraphie, photocopie, affiche peinte à la main en atelier ou détournement sur site d’affiches publicitaires.

Bombe aérosol

Par sa maniabilité, la bombe aérosol s’est imposée peu après son invention en 1949 comme l’outil phare de l’art urbain. Elle est utilisée aussi bien dans le champ du graffiti-writing pour tracer des lettrages à main levée que par les pochoiristes ou les muralistes.

Nouvelles technologies

Parce qu’elles permettent de lier l’intervention urbaine à divers prolongements en ligne, certaines technologies comme le QR code, la blockchain et la réalité augmentée sont de plus en plus mobilisées par les artistes urbains.

1930-1950 - Mises en lumière des graffitis

1933

Paris : La revue Minotaure publie les premières photographies de “graffitis” populaires de Brassaï. L’intérêt que le mouvement surréaliste et, plus tard, les adeptes de l’art brut, portent à cette série au long cours confirme le goût des artistes modernes pour les expressions populaires.

En 1956, le Museum of Modern Art (MoMA) organise à New York l’exposition Language of the Wall : Parisian Graffiti photographed by Brassaï.

1939-45

Europe : Lors de la Seconde Guerre mondiale, en Belgique et en France, la “campagne des V” accompagne la résistance à l’occupant nazi. Au cours de la bataille de Normandie, les soldats américains (G.I.) américains commencent à signaler leur présence d’une l’inscription accompagnée d’un dessin : “Kilroy was here”.

Los Angeles : En 1943, des émeutes opposent militaires et gangs mexicains, les pachucos. Gusmano Cesaretti voit dans l’événement l’acte de naissance du cholo, une forme de graffiti élaborée par les gangs, et à laquelle il consacre en 1975 l’ouvrage Street writers: a guided Tour of Chicano Graffiti.

1949

Édouard Seymour conçoit la première bombe de peinture aérosol.

Années 1960 - Prémices de l’art urbain

1961

Berlin : Dans la nuit du 12 ou 13 août, la République démocratique allemande (RDA) commence la construction  d’un mur entre les secteurs Est et Ouest de la ville. Au cours des années 1980, Keith Haring, Thierry Noir, les BBC et de nombreux artistes et anonymes peindront sur le mur de Berlin.  

1963

Paris : Âgé de 23 ans, Gérard Zlotykamien participe à la troisième Biennale internationale des jeunes artistes au Musée d’art moderne à Paris. Dans la salle des abattoirs où il expose, les portraits de 4 dictateurs peints par Eduardo Arroyo sont censurés.

1966

Plateau d’Albion (Vaucluse) : Ernest Pignon-Ernest crée ses premiers pochoirs en réaction à l’installation d’un site nucléaire.

1967

Philadelphie : Les premiers graffitis de Cornbread et Cool Earl apparaissent sur les murs de la ville.

1968

Paris : En soutien au mouvement de mai 68, l'atelier populaire des Beaux-arts de Paris crée anonymement des affiches sérigraphiées qui sont placardées dans les rues de Paris. Par son mode opératoire et son choix de l’anonymat et de la gratuité, cette initiative peut être considérée comme une forme d’art urbain. 

Années 1970 - L’âge d’or du graffiti writing

1969

New York : Au cours de l’été, des graffitis tracés au magic marker ou à la bombe aérosol apparaissent à Manhattan. Ils consistent en un nom/pseudonyme auquel est accolé un numéro de rue.

Herbert Kohl publie l’article Names, Graffiti and culture dans Urban Review.

1971

New York : Le 21 juillet, le New York Times consacre un article à Taki 183, "Taki 183 spawns pen pals". Les premiers métros peints apparaissent, et leur paternité est attribuée à SuperKool 223.

Paris : Ernest Pignon-Ernest commémore le centenaire de la Commune de Paris en exposant des gisants sérigraphiés à l’échelle 1 sur les marches du Sacré-cœur et au métro Charonne.

1972

New York : Hugo Martinez, étudiant en sociologie, fonde l'UGA (United Graffiti artists) à New York. L’organisation oriente ses membres graffeurs (parmi lesquels Phase 2, Snake I et Bama) vers la création en atelier, et organise les premières expositions de graffiti, au City College (décembre 1972) et à la Razor Gallery (1973). L’UGA et plus tard la NOGA (Nation of Graffiti artists, fondée en 1974 par Jack Pelsinger), marquent l’apparition d’un graffiti légal et commercial

Parallèlement, le graffiti “vandale” continue sa percée dans les rues et à l’intérieur des métros : Stay High crée son personnage de "Smoker" inspiré de la série télévisée Le Saint, et Phase II invente le style dit “Bubble letters” aux courbes arrondies. Inquiet de l’ampleur que prend le phénomène, Lindsay, maire de New York, déclare la guerre au graffiti.

1973

New York : Afrika Bambaataa crée la Zulu Nation. Le mouvement hip-hop, dont le graffiti writing sera tenu pour le versant visuel, commence à éclore. Il explose à la fin de la décennie, avec la sortie de la chanson Rapper's delight de Sugarhill gang en 1979.

Alors que débute l'âge d'or du graffiti sur train new-yorkais, Gordon Matta-Clark présente sans autorisation son projet Alternatives to Washington square Art fair avec un “graffiti truck” sur lequel les habitants du South Bronx ont été invités à peindre avant la vente des pièces détachées.

1974

Publication de The Faith of Graffiti de Norman Mailer avec des photographies de John Naar.

1975

New York : La MTA (Metropolitan transport Authority) crée une brigade anti-graffiti.

1976

New York : Cain I, Flame I et Mad 103 réalisent le premier whole train (wagon entièrement peint) pour le Bicentenaire de la Révolution américaine.

Richard Hambleton trace à la craie les premiers dessins de la série "Image mass murder”.

Paris : Publication de l’article "Kool Killer ou l'insurrection par les signes" du philosophe Jean Baudrillard dans l’ouvrage L'échange symbolique ou la mort.

Londres : Publication de The writing on the wall, collecte de graffitis londoniens par Roger Perry.

1977

Paris : Tania Mouraud couvre dans City performance #1 54 panneaux publicitaires d’une affiche en noir et blanc portant l’inscription “NI”. Aujourd’hui considérée comme une inspiratrice de l’art urbain, l’artiste est aujourd’hui régulièrement sollicitée pour participer à des expositions dans ce champ (Rose béton, Hangar 107, le M.U.R).

New York : Jenny Holzer affiche ses premiers Truisms.

San Francisco : le Billboard Liberation Front commence à détourner des panneaux publicitaires.

1978

New York : Les premiers aphorismes signés SAMO (par les artistes Jean-Michel Basquiat, Al Diaz et Shannon Dawson) font leur apparition à Manhattan. John Fekner commence sa série DECAY dans le Queens au pochoir.

Stefan Eins, membre du collectif artistique Colab, ouvre la galerie Fashion Moda dans le Bronx. En 1980, Crash y organise l’exposition Graffiti art : success for America, qui regroupe notamment Futura 2000, Noc 167, Zephyr, Lee et Lady Pink.

Autre haut lieu de la culture graffiti ouvrant cette année-là : le Mudd Club. La boîte de nuit accueille plusieurs expositions de graffitis.

Amsterdam : la galerie Anus organise le 1er prix du graffiti, remporté par DR. RAT.

Années 1980 - Le graffiti devient un phénomène mondial

1979

Rome : La galerie La Medusa consacre une exposition à Fab5Freddy (Frederick Brathwaite) et Lee George Quinones, deux figures majeures du graffiti new-yorkais.  

Paris : Pignon-Ernest expose au Musée d’art moderne.

Amsterdam : DR. RAT, DR AIR, SHOE et Walking joint peignent dans les rues de la ville.

Florence : Les premiers pochoirs de Frogmen apparaissent.

1980

New York : Keith Haring commence à dessiner à la craie sur les espaces publicitaires vacants du métro. Comme J-M. Basquiat, il sera considéré comme un fer de lance de la scène graffiti, dont il se distingue pourtant par son parcours, son mode opératoire et ses choix esthétiques.

En hommage à Andy Warhol, Fab 5 Freddy peint les Campbell's soup sur un train.

Plusieurs expositions consacrent la rencontre du graffiti writing et de la scène underground de Manhattan. Parmi elle, le Times square show organisé par le collectif Colab et New-York/New wave organisée par la galerie Fashion Moda au New Museum.

Zürich (Suisse) : L’artiste urbain Harald Naegeli, surnommé “le sprayeur de Zürich”, est condamné pour vandalisme et fuit en Allemagne.

Paris : Sortie du film documentaire Murs murs d’Agnès Varda consacré aux grands murs peints de Los Angeles.

1981

Paris : Blek le Rat fait ses premières interventions au pochoir. Au cours de la décennie, Paris s’affirmera pionnière de ce médium.

Exposition Graffiti et société au Centre Pompidou

New York : Dans l’exposition New York/New Wave à P.S.1, le commissaire d’exposition Diego Cortez réunit artistes de la scène artistique “no wave” et graffeurs (Crash, Dondi, Seen, Futura 2000, Fab Five, Ali…)

L’actrice Patti Astor ouvre la Fun gallery.

1982

Cassel (Allemagne) : Stefen Eins, Jenny Holzer, Keith Haring, Lee Quinones, etc. participent à la Documenta

Paris : Bernard Zekri organise le New York city Rap tour, auquel participe Futura 2000. L’événement contribue à faire découvrir le hip-hop en France. Bando, qui a découvert le graffiti lors de ses voyages à New York, commence à peindre.

Poissy : Création du groupe artistique Banlieue-Banlieue.

Tours : Jef Aerosol peint son premier pochoir.

1983

New York : Sortie du single Beat Bop par Rammellzee et K-Rob. La pochette est dessinée par J-M. Basquiat.

Sortie en salles du long-métrage Wild style de Charlie Ahearn, avec Lee Quinones, Fab5Freddy, Lady Pink et Rammellzee et première diffusion à la télévision de Style wars, documentaire de Henry Chalfant et Tony Silver sur le graffiti writing à New York.

Sidney Janis réunit dix-huit artistes, dont Haring, Basquiat, Rammellzee, Crash, Lee, Toxic et Lady Pink dans l’exposition Post-Graffiti.

Paris : Jérôme Mesnager peint son premier bonhomme blanc et le “trio magique” des graffeurs BBC (Jay, Skki et Ash) se forme autour des palissades du Louvre. Bando fonde le crew Bomb squad 2. Premières affiches de Jean Faucheur sur des panneaux publicitaires.

Solo show de Futura 2000 à la galerie Yvon Lambert

Rotterdam : Le musée Boijmans-van Beuningen organise l’exposition Graffiti. 

Milan : Exposition de A-One à la galerie Salvatore Ala

1984

New York : Premier numéro d'IG Times, fanzine dédié au graffiti.

Subway art de Henry Chalfant et Martha Cooper est publié chez Thames & Hudson. L'ouvrage devient rapidement la “bible” du graffiti et joue un rôle déterminant dans l'internationalisation du phénomène.

Publication de Getting up. Subway graffiti in New York, de Craig Castelman, aux éditions MIT Press.

Sortie de Beat street de Stan Lathan, film de fiction sur le hip-hop.

Paris : Premières peintures urbaines de Speedy Graphito avec le groupe X-Moulinex et formation à Paris des frères Ripoulin, collectif d'affichistes composé notamment de Jean Faucheur, OX, Closky (Claude Closky), Nina Childress et PiroKao (Pierre Huygues).

H.I.P. H.O.P. , l’émission animée par Sidney, débarque sur TF1, et Futura 2000 conçoit les affiches d'une campagne d'affichage publicitaire pour la RATP.

Agnès b. ouvre la galerie du jour.

Premier métro peint à Paris

Procès de Gérard Zlotykamien pour avoir tracé des éphémères sur les murs de la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques.

Amsterdam : Solo show de Dondi White à la galerie Yaki Kornblit

Groningen (Pays-Bas) : Exposition Graffiti dans le musée de la ville

Bologne : Exposition Arte di frontera à la Galleria d’art moderna avec les artistes Kenny Scharf, Keith Haring et Jean-Michel Basquiat notamment.

1985

Paris : Tandis que les VLP, (collectif d'artistes créé en juin 1983 dans les catacombes de Paris), fédèrent à Bondy la scène des peintres et pochoiristes parisiens (l’événement compte Miss.Tic, Speedy Graphito, Epsylon Point, etc.), les graffeurs affluent vers le terrain vague de Stalingrad.

Le Livre du graffiti, de Denys Riout, Dominique Gurdjian et Jean-Pierre Leroux paraît aux éditions Alternatives.

Premier pochoir de Miss.Tic.

Jean Faucheur et Zlotykamien exposent ensemble à la galerie du Jour (Agnès b.).

Speedy Graphito conçoit l’affiche de la première édition de La ruée vers l’art (équivalent pour les arts plastiques des Journées du patrimoine).

New York : Exposition des frères Ripoulin à la galerie Tony Shafrazi.

L’ouvrage Street art d’Alan Schwartzmann paraît aux éditions Bantam Doubleday Dell.

1986

Paris : Binoche et Godeau organisent la première vente aux enchères parisienne d'art urbain à l’Hôtel Drouot : "les jeunes débarquent".

Exposition Les pochoirs à la galerie du jour d’Agnès b. avec Jef Aérosol, Blek le rat, Miss.Tic, Epsylon Point, La Signe, Marie Rouffet, etc.

Parution de Vite fait bien fait de Nicolas Devil, Marie-Pierre Massé et Josiane Pinet aux éditions Alternatives. L’ouvrage rassemble près de 300 pochoirs.

Rennes : Exposition Les média peintres à la Maison de la culture avec Speedy Graphito, Daniel Baugeste, les frères Ripoulin…

1987

L’ouvrage Spraycan art de Henry Chalfant et James Prigoff paraît et l’artiste étasunien Jonone arrive en France.

1989

Paris : La RATP lance le plan "Reconquête du territoire", qui vise à éradiquer le graffiti du métro parisien dans les trois ans.

Los Angeles : Shepard Fairey débute la campagne d'affichage Obey.

1990

Paris : Ouverture de l’Hôpital éphémère dans l’ancien hôpital Bretonneau. De nombreux artistes de la scène urbaine, comme Jonone, AOne ou Sharp, y auront leur atelier. 

Exposition Les peintres de la ville à la galerie du jour avec les BBC, Bando, Echo, Jonone, etc.

1991

Paris : La guerre du Golfe plonge le marché de l’art dans une crise dont les pochoiristes et “médias peintres” parisiens sont les premières victimes.

Le graffiti vandale connaît son âge d’or : Oeno et les VEP créent le scandale en vandalisant la station Louvre-Rivoli à Paris, et Tarek Ben Yakhlef publie Paris Tonkar consacré au graffiti parisien.

Meaux et Fresnes : Opération Hip Hop dixit conçue par l’association Acte II à l’initiative de la direction des musées de France. L’exposition qui accompagne l’événement sera reprise en 1991-92 au musée des Monuments français du Trocadéro à Chaillot sous le titre Graffiti Art, artistes américains et français, 1981-1991, sous l’impulsion de Jack Lang.

Nantes : Exposition Bomb’art au Centre d’action culturelle - espace Graslin

1992

New York : Aaron Rose ouvre la Alleged Gallery, qui exposera Barry Mc Gee, Shepard Fairey, Mark Gonzales, Ed Templeton, etc.

Groningue (Pays-bas) : Exposition New York Graffiti Art : Coming from the Subway au Groninger Museum.

Paris : Exposition L’art vif. Murs peints et pochoirs au Centre Georges Pompidou.

Exposition L’Art graffiti au Musée des monuments français (Cité de l’architecture et du patrimoine)

Des années 90 aux années 2000 - Vers le “street art”

1994

New York : Le maire Rudolph Giuliani, adepte de la théorie de la "vitre brisée", commence à appliquer la tolérance zéro dans la mégalopole américaine. Il inspirera les grandes campagnes d’effacement de graffitis à Paris à la fin de la décennie. La répression oriente progressivement certains artistes vers une forme d’intervention urbaine jugée moins agressive que le graffiti et qui sera nommée au tournant des années 2000 le “street art”.

L’artiste et collectionneur Martin Wong fait don de sa collection de blackbooks et de graffitis au Musée de la ville.

Dans les rues, Cost et Revs font évoluer l’esthétique et les médiums du graffiti. Glenn O'Brien leur consacre un article, "Cream of wheat paste: COST and REVS", dans l’édition de mars de Artforum.

Art Crimes (www.graffiti.org), le premier site Internet dédié au graffiti, fait son apparition.

Création de la marque de bombes Montana, spécialement dédiée au graffiti.

Publication du fanzine Backjumps.

1995

Paris : Exposition Stripped à la galerie du jour agnès b. qui présente notamment la première toile de l’artiste Mode2.

1996

Naissance du magazine de hip hop Radikal distribué en kiosque

Lancement du fanzine Graff it par Jack2.

1997

Wiesbaden (Allemagne) : Lancement de International Meeting of Styles (MOS) qui encourage le développement d’un réseau international et d’événements autour du graffiti writing.

1998

Paris : Début de l'invasion des mosaïques d’Invader et création du collectif @nonymous avec Zevs, Invader et André.

1999

Seattle : Parution de No Logo : la tyrannie des marques de Naomi Klein. La journaliste canadienne évoque notamment les détournements publicitaires de Jorge Rodriguez Gerara.

Paris : Vaste opération de nettoyage des graffitis par la société Korrigan.

Lancement du site Internet Ekosystem.org.

2000

New York : La galerie Deitch Projects présente l’exposition Street Market, une installation signée Barry Mc Gee (Twist), Steve Powers (Espo) et Todd James (Reas) qui sera ensuite présentée lors de la 41e biennale de Venise.

Paris : L’ouvrage Kapital de Gautier Bischoff et Julien Malland paraît aux éditions Alternatives et présente un an de graffiti à Paris.

Hambourg : Première édition du festival Urban discipline.

2001

Paris : exposition Graff à la galerie du jour (agnès b.).

Première publication du magazine Worldsigns consacré au post-graffiti.

Lancement de l’enquête-collecte sur le graffiti à l’initiative de Claire Calogirou au Musée national des arts et traditions populaires devenu Mucem.

2002

Bethléem : Ariel Sharon fait ériger entre Israël et la Cisjordanie un mur de séparation qui est rapidement couvert de graffitis protestataires, mais aussi d'œuvres d’art urbain signées Banksy, Erica Il Cane, JR ou Swoon.

Berlin : Zevs “kidnappe” le modèle d’une affiche Lavazza sur l’Alexanderplatz. Ce Visual Kidnapping donne lieu à une performance de trois ans dont l’issue sera la (fausse) remise d’une rançon au Palais de Tokyo.

Bagnolet : Première édition du festival Kosmopolite.

Paris et ses environs : Le collectif artistique Une Nuit recouvre d'affiches des centaines de panneaux publicitaires

Présentation du concept store « Black block » d’André au Palais de Tokyo.

Modène (Italie) : Première édition du festival international d’art urbain Icone

2003

Londres : Banksy organise le Burner's prize, parodie du Turner’s prize, destiné à couronner un artiste de la scène graffiti.

Lancement du projet Open your eyes par les artistes YZ et Miss-ill avec l’apparition de 30 pochoirs dans plusieurs lieux de la capitale qui redessinent la tête peinte dans la rue.

Sortie de Writers 20 ans de Graffiti à Paris 1983 2003, documentaire de Marc-Aurèle Vecchione sur la scène graffiti de la capitale.

Berlin : Première édition du festival Backjumps, the live issue sous la curation d’Adrian Nabi et Willem Stratmann.

2004

Cincinnati : Le Contemporary Art Center (CAC) présente l’exposition Beautiful Losers, curatorée par Aaron Rose et Christian Strike. L’exposition itinérante fait un trait d’union entre street art, skateboard et autres subcultures.

2006

Los Angeles : Banksy organise l'exposition Barely Legal dans un entrepôt.

Paris : Exposition Ugly winners à la galerie du jour d’agnès b.

2007

Paris : Gérard Zlotykamien inaugure le M.U.R à Paris issu du projet de l’association éponyme.

Parution du magazine Nusign dédiée au post-graffiti.

Israël-Palestine : Exposition photographique Face2Face de JR et Marco sur le mur de séparation.

Années 2000 - Face aux institutions

2008

États-Unis : L'affiche Hope de Shepard Fairey représentant le candidat Barack Obama devient l'icône de la campagne électorale américaine.

Londres : Banksy organise le Cans Festival.

Exposition Street art à la Tate Modern.

Grottaglie (Italie) : Angelo Milano, fondateur de Studiocromie, lance le FAME Festival.

Italie : La vidéo MUTO, animation de l’artiste Blu, devient virale sur Internet.

2009

Versailles : Après un coup de filet en 2001, début du procès qui oppose 56 graffeurs à la SNCF et la RATP.

Miami : Le promoteur immobilier Tony Goldman lance un vaste programme d'art mural, Wynwood walls.

Venise : Swimming Cities of Serenissima de Swoon à la Biennale de Venise.

Paris : Exposition T.A.G. au Grand Palais.

Exposition Né dans la rue - Graffiti à la Fondation Cartier.

Lancement du projet Boulevard Paris 13 qui propose un parcours de fresques dans le 13e arrondissement.

2010

Paris : Les artistes Lek & Sowat initient une « résidence artistique sauvage », Mausolée, dans un ancien supermarché abandonné au nord de la ville.

Niort : Première édition du festival le 4e mur.

Sortie en salle du film Exit through the gift shop de Banksy.

2011

Los Angeles : Le MOCA organise l’exposition Art in the streets, sous le commissariat de Jeffrey Deitch et Aaron Rose.

Besançon : Première édition du festival Bien Urbain, art dans (et avec) l'espace public.

Volklingen (Allemagne) : Première édition de la biennale Urban Art proposée dans le site sidérurgique Völklinger Hütte, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

2012

New York :  Les œuvres Letter Racers de l’artiste Rammellzee sont exposées au MoMA.

Paris : Lancement du Lasco Project au Palais de Tokyo afin de présenter des œuvres réalisée in situ par des artistes issus de la scène artistique urbaine.

Résidence artistique éphémère du Musée imaginaire porté par le collectif 1984.

Los Angeles : Exposition Graffuturism à la SOZE gallery sous le commissariat de l’artiste Poesia.

Toulouse : Première édition du festival Mister Freeze.

2013

Rennes : Première édition de la biennale d’art urbain Teenage Kicks.

Paris : Projet Ex-situ. Le Street Art prend ses quartiers au Studio 13/16 au Centre Georges Pompidou (avec les artistes Rero, L’Atlas, Ox, YZ, Vhils, Mark Jenkins…).

Exposition collective à la Tour Paris 13 à l’initiative du galeriste Mehdi Ben Cheikh.

New York : Better out than in, « exposition » surprise de Banksy.

2014

Paris et ses environs : Installation Au Panthéon! proposée par JR.

Événement In Situ Art Festival au Fort d’Aubervilliers.

Marseille : Lancement du projet Murs de la L2 sur la rocade L2 .

2015

Paris : Exposition Oxymores sur les vitres du ministère de la Culture.

Berlin : Blu efface ses fresques à Kreuzberg pour dénoncer la gentrification du quartier.

Weston-super-mare (Royaume-Uni) : Dismaland, exposition collective de Banksy dans une station balnéaire.

Rome : Lek & Sowat sont les premiers artistes issus du graffiti à intégrer la résidence artistique de la Villa Médicis.

2016

Bruxelles : Le Co-fondation du MIMA (Millenium Iconoclast Museum of Art). L'exposition inaugurale, City lights, regroupe les œuvres de Momo, Faile, Maya Hayuk et Swoon.

Paris : Le ministère de la Culture lance un appel à projets pour l’élaboration d’œuvres de street art.

Le ministère de la Culture et l’université Paris Ouest Nanterre La Défense organisent à la Villette le colloque Oxymores III. États de l’art urbain.

Toulouse : Première édition du festival Rose Béton sous le commissariat Tilt, avec Futura, KR, Delta, Mist, Miss Van, Honet…

France : Le Centre des monuments nationaux consacre une saison culturelle Sur les murs. Histoire(s) de graffitis dédiée au graffiti avec plusieurs projets d’expositions et animations dans neuf monuments gérés par l’institution.

Munich : Création du MUCA (Museum of Urban and Contemporary Art).

2017

Berlin : Création du musée Urban Nation.

Paris : Nouvelle vague de graffitis sur les lignes 3 et 6 du métro parisien.

2018

Bruxelles : Exposition Wonderland d’Akay et Olabo au MIMA.

Paris : lors de l’exposition À l’échelle de la ville au Palais Royal, Daniel Buren demande et obtient le retrait d’une œuvre de l’artiste urbain Le ModuledeZeer. L’événement se solde par la création de la Fédération de l’Art Urbain et la commande de l’Étude nationale sur l’Art Urbain à l’association Le M.U.R.

Les graffeurs commencent à investir le boulevard périphérique à Paris.

2019

Miami : ouverture du Museum of Graffiti.

Marseille : Premières affiches contre les féminicides à Paris.

Paris : inauguration de la péniche Fluctuart - Centre d’art urbain avec l’exposition Time capsule de Swoon.

2020

Paris : La Marianne de Shepard Fairey sur le boulevard Vincent Auriol est vandalisée par le collectif LREMNRV.

Marseille : Invader au centre d’art contemporain MAMO.

2021

Besançon : Organisation du colloque Exposer aujourd’hui : l’art urbain à l’occasion des 10 ans de Bien Urbain, art dans (et avec) l'espace public.

2022

Nancy : première édition des Rencontres Urbaines de Nancy (RUN).

Création du Centre ARCANES, Centre National des Archives Numériques de l'Art Urbain.

2023

Paris : Exposition Capitale(s) à l’Hôtel de Ville.

Exposition Loading. L'art urbain à l'ère numérique au Grand Palais Immersif et création d'un MOOC sur l'art urbain.

 

Repère réalisé par Cécile Cloutour, coordinatrice générale de la Fédération de l'Art urbain et Stéphanie Lemoine, journaliste et critique d'art.

Ressources pour aller plus loin

Bibliographie   

LEMOINE Stéphanie, GZELEY Nicolas, PUJAS Sophie, LAUGERO-LASSERRE Nicolas, L’Art Urbain, 2019, Que-sais-je ?

MCCORMINCK Carlo, SCHILLER Marc et Sara (contr.), Trespass. Une histoire de l’art urbain illicite, 2015, Édition Taschen

Palais n°24 – Arts urbains / Urban Art, Paris, 2016, Le Palais de Tokyo.

SCHACTER Rafael, Atlas du street art et du graffiti, 2017, Édition Flammarion

VASLIN Julie, Gouverner les graffitis, 2021, UGA Éditions, Presses universitaires de Grenoble (PUG)

WACLAWEK Anna, Street art et graffiti, 2011-2012, Édition Thames & Hudson

Vidéos

LEMOINE Stéphanie, quatre documentaires explorent l'univers du Street Art : Lieux, Transgression, Zevs, Métiers/outils. Coproduction ministère de la Culture, whoozart, ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse.

MOOC "Art urbain", réalisé par la Rmn-Grand Palais  et la Fondation Orange

Archives - Images

Fédération de l'Art Urbain, avec des informations sur l'art urbain et notamment des liste d’événements, des sites d'information, portails d'images et œuvres par régions et villes.

Arcanes, Centre National des Archives Numériques de l'Art Urbain (Lancement 2ème semestre 2024)

Bibliothèques spécialisées à Paris

Bibliothèque nationale de France (bibliographie disponible sur le street art)

Médiathèque Canopée la fontaine (Paris 1er) : collection sur les cultures urbaines