Préhistoire
Antiquité
Égypte
Vers 2700 – 2600 av. J.-C.
Développement d’une architecture funéraire monumentale en pierre : Saqqara et Gizeh.
1550 – 1070 av J.-C.
Nouvel Empire
Les édifices de Karnak et les temples d'Abou Simbel construits par le pharaon Ramsès II à Thèbes marquent l’apogée de la civilisation de l’Égypte antique.
Assyrie et Babylone
IXe – VIIIe s. av. J.-C.
Palais de la période néo-assyrienne
Nimrud, nouvelle capitale de l'empire assyrien,
Palais de Ninive.
605-562 av. J.-C.
Le roi Nabuchodonor II dote Babylone d’un ensemble monumental prestigieux.
Grèce
VIe - Ve s av. J.-C.
L’architecture grecque privilégie l’harmonie des proportions, l’emploi des ordres (dorique, ionique, corinthien), la qualité du matériau (marbre, pierre calcaire), dans les édifices de prestige :
Les temples de Grèce continentale (Delphes, Athènes)
La colonie grecque d’Italie du Sud à Paestum.
Rome
Ier - IVe s. ap. J.-C.
Les monuments de Rome servent de modèles aux villes de l’Empire et entretiennent le sentiment d'appartenance à une culture commune.
En Gaule, comme dans les autres parties du monde romain, les techniques de construction héritées des Grecs se perfectionnent avec l’emploi de l'arc et de la voûte : Pont du Gard, en 50 après J.-C.
Moyen Age
Haut Moyen Age
Ve - VIe siècles
Après la chute de Rome en 476, seul l'Empire romain d'Orient est en mesure d'élever des édifices monumentaux et d'y développer l'art byzantin : Sainte-Sophie de Constantinople (532).
VIIIe siècle
L’architecture religieuse carolingienne est au service d'une liturgie complexe : abbatiale de Saint-Denis (754-770), chapelle de Charlemagne à Aix-la-Chapelle (792-797).
IXe – Xe siècles
Diffusion du « plan type » dit de Saint-Gall (830)
Essor des grandes abbayes bénédictines : Abbaye de Cluny fondée en 910
Architecture Romane (fin Xe - XIIe s.)
XIe siècle
L'architecture romane, héritière des techniques romaines, notamment de la voûte, connait son apogée au XIeme siècle. Les églises et abbayes romanes témoignent des nombreuses recherches et expérimentations : changements liturgiques (primauté donnée à l'est du sanctuaire), innovations techniques (usage plus systématique de la voûte) et artistiques (essor du décor sculpté monumental) :
Saint-Philibert de Tournus (à partir de 1008),
Saint-Michel-de-Cuxa (début XIe s.),
Sainte-Foy de Conques (1041) et son portail,
Vézelay (à partir de 1096),
Abbaye de la Sauve-Majeure, construite entre les XIIe et XIIIe siècles, elle offre un exemple exceptionnel d'architecture et de sculpture romanes.
XIIe siècle
Maturité et diffusion de l'architecture romane :
Cluny III (1088-1130),
Saint-Etienne de Périgueux (1100-1110)
Les églises romanes d'Auvergne dites « majeures » : Saint-Nectaire (1146-1178), Saint-Ostremoine d’Issoire (1e moitié XIIe s.),
Notre-Dame-la-Grande de Poitiers (2e quart XIIe s.),
Saint-Trophime d’Arles (1160-1180).
Architecture Gothique (XIIE – XVE s.)
Années 1140 – 1180
Premier art gothique
C'est avec la voûte d’ogives que l'architecture médiévale passe du Roman au Gothique. Cette nouvelle structures architecturale permet de concilier une meilleure diffusion de la lumière dans l'église et l’allègement des structures.
Les premiers édifices gothique apparaissent en Île-de-France et en Picardie :
Cathédrale Saint-Étienne de Sens,
Cathédrale Notre-Dame de Laon,
Cathédrale Notre-Dame de Paris
Fin du XIIe – 1e moitié XIIIe siècles
Gothique classique
Au XIIIe siècle, le maître d'œuvre et dessinateur, Villard de Honnecourt compile dans un carnet des notes et des croquis exceptionnels : Les cathédrales et Villard de Honnecourt
Grandes cathédrales du domaine capétien :
Cathédrale Notre-Dame de Chartres,
Cathédrale Saint-Étienne de Bourges
Cathédrale Notre-Dame de Reims,
Cathédrale Notre-Dame d'Amiens,
Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg.
Années 1240 - 2e moitié XIVe siècle
Gothique rayonnant
Élégance et évidement des formes, raffinement du décor peint et sculpté : Sainte-Chapelle de Paris.
Fin XIVe – XVIe siècle
Gothique tardif dit « flamboyant »
Perfectionnement des techniques (taille et mise en œuvre de la pierre) et virtuosité ornementale :
Sainte-Chapelle de Vincennes (à partir de 1390)
Palais du Tau à Reims
Châteaux-Forts, Palais Urbains
XIe - XIIIe siècle
La construction des châteaux-forts a beaucoup évolué au cours du Moyen-Age avec le développement de l'architecture militaire.
Le château-fort, refuge, résidence et symbole du pouvoir seigneurial :
Donjon de Loches (1e moitié du XIe siècle)
Châteaux et places fortes de Lorraine
Château du Louvre, demeure royale, Paris (vers 1200)
Château comtal de Carcassonne (XIIIe siècle)
XIVe - XVe siècle
Recherche d'apparat et de confort dans les demeures et les palais urbains :
La Conciergerie à Paris, (après 1298)
Palais des papes à Avignon (1335-1352)
Château des ducs de Bretagne
Château de Vincennes (1364-1380)
Palais Jacques Cœur à Bourges (1443-1453).
Renaissance
Grands Modèles Italiens
XVe-XVIe siècle
Les architectes italiens développent une approche renouvelée de la culture antique, un goût pour la géométrie, la symétrie et les proportions harmonieuses. Ces transformations de l'art de bâtir apparaissent sous l’impulsion de philosophes, de grands mécènes et d'artistes de génie :
La première Renaissance a lieu en Italie durant le siècle du Quattrocento.
Dôme de la cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence par Fillipo Brunelleschi (1420-1436).
La Haute renaissance (1500-1530) : diffusion d'une culture savante avec la publication de nombreux traités architecturaux et la redécouverte de Vitruve (architecte romain du 1er siècle avant J.C.).
Basilique Saint-Pierre à Rome par Donato Bramante et Michel-Ange (1e moitié XVIe s.),
Villa Rotonda en Vénétie par Andrea Palladio (1550).
Renaissance Française
1500 - 1540
Tout en demeurant fidèles à la tradition héritée du Moyen Age, les architectes de la Renaissance en France adoptent les modes italiennes, en particulier dans le décor des résidences du roi et de la cour :
Château de Gaillon (1508)
François Ier bâtisseur de châteaux :
Château de Blois (1515-1518)
Château de Chambord (1519-1526)
Château de Fontainebleau (1531-1547) et sa Galerie François Ier
Naissance de l’Architecture à la Française
1540 - 1561
Les architectes de la « jeune génération », Pierre Lescot au Louvre (1546), Philibert Delorme au Château d'Anet (1547-1553) et aux Tuileries (1563), Jean Bullant à Ecouen (1538-1555) posent les jalons d'une manière spécifiquement nationale.
1561 – 1594
Destructions dues aux guerres de Religion.
Jacques Androuet Du Cerceau publie Les Plus excellents bastiments de France.
XVIIe - XVIIIe siècles
L’Architecture du Grand Siècle
1598 – 1661
Redressement du royaume sous Henri IV et Louis XIII. Les architectes français se posent en rivaux des Italiens.
Ensembles urbains, place des Vosges à Paris, (1605 -1612), place royale (de la République) à Caen (2e moitié XVIIe siècle)
Édifices publics de prestige, palais du Parlement de Bretagne à Rennes par Salomon de Brosse (1618),
Églises à Paris : Val de Grâce (1645-1667) par François Mansart, Jacques Lemercier, Pierre Le Muet, , église Saint-Sulpice (1646) par Christophe Gamard et Daniel Gittard
Châteaux et hôtels particuliers : Hôtel Lambert à Paris par Louis Le Vau (1640), Hôtel de Châteaurenard à Aix-en-Provence par Pierre Pavillon (vers 1650).
1661 – 1715
Les chantiers du Louvre et de Versailles (1668) voient s’opposer influences italiennes (voyage du Bernin en France) et tradition française. Cette dernière triomphe avec la création de l'Académie d'architecture (1671).
La petite galerie du palais du Louvre, détruite après un incendie, devient la galerie d'Apollon réalisée par Louis Le Vau entre 1661 et 1663. Cette première galerie royale annonce un nouveau style architectural reprenant les codes antiques.
Le château de Versailles et sa galerie des glaces par Jules Hardouin Mansart sont des symboles du classicisme en architecture.
L'architecture militaire de type bastionné est dominée par la personnalité de Vauban qui construira 12 ensembles fortifiés le long des frontières nord, est et ouest de la France :
Citadelle de Lille (1667-1670),
Citadelle de Besançon (1675 à 1683)
Neuf-Brisach (1697)
Briançon ( 1713 à 1734)
Architecture baroque en Savoie jusqu'en 1770 : Église Saint-François d'Annecy (1642) inspirée de l’église du Gesù de Rome (1550-1584).
1715 – 1760
L’art rocaille, limité au décor et à l’aménagement des demeures, influe peu sur l’ architecture publique restée fidèle à la tradition.
Embellissements urbains : places royales de Rennes et de Bordeaux (1724 -1729), par les architectes Gabriel père et fils, place Stanislas à Nancy (1752), place royale de Reims 1758.
Création de l’école des Ponts-et-Chaussées (1747).
1760 – 1789
Les découvertes archéologiques de Pompéi, Herculanum et Paestum inspirent une nouvelle architecture « à l’antique » faite de volumes épurés, de lignes droites et d’ornements sévères, le néo-classicisme :
Grand théâtre de Bordeaux, Victor Louis (1776),
Église Sainte-Geneviève à Paris, Germain Soufflot (1764 -1780),
Projets utopiques d’Etienne-Louis Boullée ou de Claude-Nicolas Ledoux.
La Révolution
Les actes de vandalisme alternent avec une première prise de conscience patrimoniale.
Ouverture du Musée des Monuments-Français, Alexandre Lenoir (1795).
Création de l’école polytechnique (1794).
XIXe siècle
Querelle des styles
Néo-classicisme
Dès la fin du XVIIIe s, le néo-classicisme antiquisant s'est répandu en Europe, de Londres à Saint-Pétersbourg .
En France, il s'impose pendant tout le premier tiers du XIXe s. : Arc de triomphe de l'Etoile (1806-1836).
Historicisme
L'intérêt grandissant pour l'histoire favorise un retour aux styles du passé : le Moyen Age est à l'honneur.
Eugène Viollet-le-Duc, inspecteur général des monuments historiques publie le Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle (1854 – 1868). Il lance de grands chantiers de restauration :
Notre-Dame de Paris (1843),
Château de Pierrefonds (1857-1884).
Éclectisme
L'éclectisme combine les références à différents styles : l'Opéra de Paris de Charles Garnier (1861-1875) en est le plus bel exemple, dans un environnement urbain ordonnancé sous l'autorité du préfet Haussmann.
Art nouveau
A la fin du siècle, la réaction à l'académisme se fait sentir un peu partout en Europe. C'est l'avènement de l'art nouveau, une forme d'art total qui renoue avec les savoir-faire artisanaux et renouvelle formes et ornements.
Bruxelles et Victor Horta, Vienne et Otto Wagner, Glasgow et Charles Rennie Mackintosh, Barcelone et Antonio Gaudi, Nancy et l'école de Nancy avec notamment Henri Sauvage, Paris et Hector Guimard).
Nouveaux Programmes, Nouveaux Matériaux
Transformation de Paris sous le Second Empire
Georges Eugène Haussmann préfet de la Seine est chargé en 1853 par Napoléon III d'assainir et embellir Paris.
Le budget de ces grands travaux est considérable (deux milliards de francs-or, autant que le budget annuel de la France) et vivement critiqué notamment par Jules Ferry qui fait paraître un pamphlet Les comptes fantastiques d’Haussmann en 1857.
Entre 1853 et 1870 :
- Ouverture de grandes artères et élargissement des grands boulevards
- Création d'immeubles bourgeois dont les façades à l'esthétique nouvelle sont les éléments clés du style haussmannien au risque d’une uniformisation de certains quartiers.
- Assainissement par la création de réseau d'égouts et d'adduction d'eau
- Création de parcs et jardins.
Architecture métallique
Produits en série, la fonte, le fer, l'acier, le verre, puis le béton armé se mettent au service de programmes nouveaux.
Gares à Paris : Gare de Nord (1858-1864) par Jacques-Ignace Hittorff, Gare d'Orsay (1898 - 1900) par Victor Laloux
Usines : Chocolaterie Meunier, Noisiel, Familistère Godin, Guise
Édifices culturels : Salle de lecture de la Bibliothèque Nationale par Henri Labrouste (1857-1867), Paris
Marchés couverts : Passage Pommeraye, Nantes (1840-1843), Halles de Paris, Victor Baltard (1854-1866), Bon Marché (1870-1887), Paris.
Ouvrages d'art : Viaduc de Garabit, Gustave Eiffel (1880-1884).
L'esprit de compétition entre pays industrialisés et la curiosité pour les civilisations lointaines se manifestent lors des expositions universelles de Londres ou de Paris :
Exposition universelle de 1851 : Crystal Palace, Londres
Exposition universelle de 1900 : Tour Eiffel, Paris
XXe - XXIe siècles
Industrialisation de la Production Architecturale
Essor de la construction en béton armé, symbolisé par la réussite de l’entreprise des frères Perret. Auguste Perret, architecte et entrepreneur va ainsi concevoir des édifices aux structures novatrices :
Immeuble de la rue Franklin à Paris (1903),
Théâtre des Champs-Élysées (1913),
Église Notre-Dame du Raincy (1923).
Les défis de la reconstruction consécutive aux deux guerres mondiales sont immenses.
Le logement social, l’aménagement urbain ouvrent des perspectives nouvelles :
Les cités-jardins construites suites aux destruction de la Première Guerre mondiale : Cité-jardin du Chemin Vert à Reims, Cités-jardins de Paris et de sa banlieue.
Henri Sauvage et ses projets d’immeubles à gradins,
Tony Garnier à la Cité des États-Unis à Lyon, (1921-1934)
Jean Prouvé et ses maisons industrialisées à Meudon (1950-1952)
La réussite de certaines expérimentations comme l’Unité d’habitation de Le Corbusier à Marseille (1945-1952) ne peut masquer l’échec de la politique des « grands ensembles».
Tradition et Avant-Garde
L’académisme, le régionalisme, l’art déco qui a triomphé à Paris à l’occasion de l’Exposition internationale de 1925, sont combattus par les architectes d’avant-garde en Allemagne avec l'école du Bauhaus (1925) et des architectes comme Ludwig Mies van der Rohe, en France Le Corbusier, Villa Savoye, (1929), qui sont à l’origine du mouvement moderne.
Chassés par le nazisme, plusieurs de ces architectes participent, aux États-Unis, à l’éclosion du « style international » :
Marcel Breuer, Oscar Niemeyer, etc.
En réaction à l’appauvrissement du langage plastique, le postmodernisme des années 70 et 80 préconise un retour aux styles :
- Ricardo Bofill fondateur du "Taller de Arquitectura", un atelier d’architecture à Barcelone, cherche à décloisonner les disciplines (architecture, urbanisme, sociologie, etc) et construit notamment le quartier Antigone à Montpellier (1977) et le Palacio d’Abraxas, complexe de logements sociaux à Noisy-Le-Sec.
- Renzo Piano et Richard Rogers développent une approche technologique de l’architecture qui triomphe au Centre Georges Pompidou de Paris (1976).
D’un siècle à l'autre
L’architecture d’aujourd’hui oscille entre des projets spectaculaires qui font appel à des techniques et des matériaux sophistiqués (gratte-ciel à Dubaï, New York, Pékin, etc.) et une pratique plus mesurée, consciente des enjeux humains, des réalités économiques et des questions environnementales.
Du musée du quai Branly à Paris par Jean Nouvel (1999-2006) au Louvre – Lens par l'Agence Sanaa (2009-2012), les équipements culturels sont d’excellents laboratoires de la création architecturale. Cette dernière s’expose et vient à la rencontre du public, à la Cité de l’architecture et du patrimoine comme au FRAC Centre dont le bâtiment est une exemple des apports du numérique dans l'architecture.
Benoît Dusart
Historien