Rock

Après 1945, place aux jeunes ?

États-Unis

Le rock’n’roll est une forme musicale électrifiée et dansante apparue aux États-Unis au début des années 1950. C’est une musique née des nombreuses sédimentations et hybridations dont les musiques populaires des États-Unis ont fait l’objet, notamment dans les États du Sud, sur lesquels pèse particulièrement le poids de l’histoire esclavagiste. Arrachés à leurs terres d’Afrique les esclaves apportent avec eux imaginaires et rythmes étrangers aux traditions musicales européennes. Le rock est issu en droite ligne du rhythm’n’blues - forme très rythmique et dansante du blues, cette rugueuse et triste mélopée fabriquée par les esclaves, tard le soir dans les plantations et de la country pratiquée par les petits fermiers blancs. Ce sont les africains-américains qui, les premiers, ont fait résonner cette musique et l'ont baptisée rock’n’roll : tangue et roule termes empruntés au vocabulaire des marins et allusion chargée d’érotisme.

Dans sa formule de base, le rock est une musique à quatre temps dont les premier et troisième sont accentués. Le rock est joué par un chanteur souvent guitariste, un bassiste, un batteur et un guitariste soliste. Si les hommes en sont les acteurs les plus nombreux et visibles : Chuck Berry et sa chanson Maybellene (1955), Gene Vincent avec Be-Bop-A Lula (1956), Buddy Holly, Eddie Cochran... de nombreuses femmes ont occupé la scène dès les années 50, notamment en tant que chanteuses : la pionnière Big Mama Thornton qui, en 1952, enregistre la chanson Hound Dog qui va inspirer de nombreux musiciens, mais aussi Wanda Jackson et Janis Martin.

L’allongement de la scolarité et l’extension du domaine des loisirs modifient la façon d’être jeune. Avec le cinéma, la musique rock en est un des premiers attributs. Le très vif succès que rencontre cette musique révèle le profond besoin que ressentaient à ce moment les jeunes, filles et garçons, de ne plus être les absents d’une société américaine guindée, engoncée dans ses préjugés raciaux comme sociaux et religieux, habitée d’anticommunisme et installée dans le confort qui la gagnait alors : l’American Way of Life vanté d’une même voix par les publicitaires et les hommes politiques de l’Amérique blanche.

Focus - Avant le rock
Blues
Dans les plantations du sud des États-Unis, les esclaves chantent le soir leurs histoires, parfois bonnes, souvent mauvaises. La frustration et l’espoir s’y mêlent dans une infinie tristesse, accompagnés d’instruments de fortune et chantés avec mélancolie. Le blues- les bleus de l’âme, installera sa complainte sur les accords répétés de gammes mineures et leur fameuse blue note qui en souligne le désarroi. Musique d’essence acoustique, le blues s’est progressivement électrifié en sortant des plantations pour monter vers le nord le long du Mississippi et gagner les grandes villes industrielles des Grands Lacs. Le blues est sans aucun doute l’empreinte musicale la plus forte, la plus durable et la plus répandue du XXème siècle. Une magnifique cohorte de musiciennes et musiciens l’ont servi : Big Mama Thornton, Muddy Waters, Charlie Patton, Mae Ray, Bessie Smith, Gertrude « Ma » Rainey, Robert Johnson, Howlin’Wolf ou encore Willie Dixon, Stevie Ray Vaughan et Jimi Hendrix.
Country
Grande musique populaire américaine, la country réunit une foule de styles et d’écoles (du hillbilly au bluegrass) qui privilégient tous le son des instruments acoustiques. Ce genre porte une part essentielle de l’histoire américaine avec des artistes fameux de Jimmie Rogers ou Hank Williams avant-guerre à Johnny Cash. De la rencontre de l’immense patrimoine musical de la country et des accents électriques du rock, né au début des années 70 le country-rock avec des groupes comme les Byrds ou les Eagles.

 

1955 -1963 Rock’n’ Roll, l’explosion retentissante

États-Unis

Elvis Presley, jeune camionneur de Memphis (Tennessee) met le feu aux poudres en 1956 lorsqu'il enregistre, en cadeau à sa maman, le That’s All Right Mama, de Arthur « Big Boy » Crudup, pianiste de rhythm’n’blues. La guitare remplace le piano et le chanteur enlacé sur son pied de micro, agitant son bassin avec régularité, se fait plus que suggestif : le rock est là. Le signal est très clair pour des milliers puis des millions de jeunes.

Cette nouveauté extraordinaire emporte leur adhésion, vite propulsée par la formidable puissance que sont en train d’acquérir les médias : radio, télévision et magazines, avant que le cinéma ne s’en mêle. Déjà les films l’Équipée Sauvage en 1953, puis Graine de Violence et surtout la Fureur de Vivre en 1955 avec l’iconique James Dean ont mis en image cette jeunesse insatisfaite et inquiétante pour la bonne société. Les quartiers populaires des grandes villes sont gagnés : les enfants d’ouvriers s’emparent avidement de cet étendard et défient le monde des adultes - parents, policiers, enseignants et religieux… Le rock ne réveille-t-il pas le goût de la liberté, cette vieille promesse américaine assoupie ?

Le succès d'Elvis Presley est phénoménal : sa voix, son sourire et son sens de la scène le placent vite au firmament. Avantage majeur, il est blanc : ça fait la différence dans une Amérique toujours ankylosée dans la ségrégation raciale. Mais le retour de bâton est sévère. On n’enfreint pas impunément les règles et la morale : des interpellations partout, des autodafés dans les États du Sud et des chansons d’amour prudes joliment sucrées à la radio mettent tout ce petit monde au pas.

A voir : Rock'n'Roll - The Early Days un documentaire (en anglais) sur les débuts du rock aux États-Unis avec de nombreux extraits musicaux des grand noms du rock.

France

Après-guerre, le jazz occupe en France une grande place à côté des formes plus traditionnelles d’une chanson riche d’un vaste répertoire et d’imposantes personnalités (Édith Piaf, Yves Montand, puis Georges Brassens, Jacques Brel…). Méprisé par les élites parisiennes, le rock est édulcoré par une variante bon enfant, le twist, nom d’une danse où l’on se "tortille" , adoubé par un show-business très conservateur. Johnny Hallyday sort en septembre 1961 Viens danser le twist reprise du chanteur américain Chubby Checker. Le twist est dansé par les yéyés, nom quelque peu péjoratif reprenant le fameux « yeah yeah » trainant des bluesmen et autres rockers américains. Toutefois, l’engouement est vif et impressionnant : en France aussi les jeunes veulent secouer leur époque et oublier la guerre d’Algérie qui guette les jeunes appelés au service militaire.

L’émission de radio « Salut les copains », lancée en 1959, remporte un énorme succès et fait connaître jeunes chanteuses et chanteurs à peine majeurs, jetés sur le marché par des firmes de disques qui se font une concurrence sans pitié. Certains s’affirmeront comme des artistes majeurs : Françoise Hardy, Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, France Gall, Sheila, Claude François et quelques autres.

Le 22 juin 1963, 200 000 jeunes se pressent place de la Nation à Paris pour fêter l’anniversaire de la « Salut les copains », avec toutes ses idoles. La presse éructe et se scandalise de voir tous ces voyous : « Quelle différence entre le twist de Vincennes et les discours d’Hitler au Reichstag » écrira Philippe Bouvard dans Le Figaro (24 juin 1963).

Focus - Musiques afro-américaines
Matrice essentielle du rock, les musiques afro-américaines, rhythm’n’ blues, soul et funk foisonnent dans les conditions difficiles de la ségrégation et du poids des préjugés raciaux aux États-Unis. La simple appellation « race records » est évocatrice. Elle désigne le marché spécifique d’artistes noirs, classés et vendus « à part ». Mais ces musiques accompagnent l’immense mouvement pour les droits civiques conduit par le pasteur Martin Luther King. Des auteurs, des compositrices (Ray Charles, Marvin Gaye, Diana Ross, Wilson Pickett, Eartha Kitt…) produisent des chefs-d’œuvre divinement chantés, dont les paroles comme la musique et le rythme sont adoptés par des millions de personnes. Ce sont les musiques d'un quotidien qu’on espère meilleur, tel le fameux Respect, chanson aux relents machistes créée par Otis Redding, reprise et transformée en 1967 par Aretha Franklin qui lui insuffle un ton émancipateur. Ce monde luxuriant n’est certes pas celui du rock au sens premier du terme, ni de la pop, mais il en est tellement proche que les croisements et emprunts n’ont jamais cessé leurs échanges régénérateurs, de Little Richard en 1956 à Beyoncé en 2024. Et certains se sont avec brio employés à mêler l’un à l’autre, notamment Michael Jackson.

1963 -1968 Le rock vire à la pop, la jeunesse impose ses codes

Grande-Bretagne

Le coup est parti, difficile de l’arrêter. Partout en Europe, les radios installées dans les bases militaires américaines (sauf en France) diffusent du rock, du rhythm’n’blues, voire du blues. Les jeunes anglais y sont particulièrement réceptifs et forment des centaines de groupes dans toute la Grande-Bretagne.

1963
Liverpool, quatre garçons tirent leur épingle du jeu dans une alchimie totalement imprévisible. Les Beatles vont révolutionner la musique, la mode et les états d’esprits de cette période. Audacieux, intrépides, s’affranchissant des règles et autres bienséances, ils font souffler dans les esprits un vent de liberté qui vient bousculer les normes en vigueur, qu’elles soient culturelles, politiques ou sociales. L’amour doit devenir libre, les femmes revendiquent une place à leur mesure, le métro-boulot-dodo et l’injonction à consommer plus encore, on n’en veut plus. Sous l’influence des Beatles, le rock devient pop music - popular music - la musique dont tout le monde (ou presque) se réclame. Elle est partout : publicité, cinéma, roman, arts plastiques en subissent l’influence créatrice. De nouvelles aspirations à vivre autrement, libre et sans contraintes extérieures, émergent.

1965
Deux chansons, cris stridents d’une jeunesse en rupture, marquent l’époque : I Can’t Get No (Satisfaction) des Rolling Stones et My Generation des Who. Elles deviendront des marqueurs sonores universellement reconnus.

En 1968, à Prague, Paris, Mexico, Berlin, Tokyo ou Londres, la jeunesse manifeste pour la liberté, souvent réprimée dans la plus grande brutalité. Le vieux monde capitaliste vacille. On le sent dépassé. Place au neuf, il faut expérimenter : les hippies ouvrent la voie.

États-Unis

Les poètes de la Beat Generation ont jeté les fondements de la contre-culture. Dans leur sillage, Bob Dylan fait entrer poésie et introspection dans le monde du rock accédant vite au statut d’icône. L’influence de Dylan toujours actif est gigantesque : elle aura marqué l’ensemble de la sphère artistique et culturelle jusqu’à lui valoir l’attribution du prix Nobel de littérature en 2016.

Les progrès de l’amplification et des techniques d’enregistrement, l’amélioration sensible du niveau des musiciens et musiciennes comme l’arrivée de substances sensées doper l’imagination et la créativité (qui ne feront hélas qu’engendrer morts, trafics et violences) propulsent le rock et ses rejetons vers de nouveaux horizons sonores.
L’arborescence n’en finira pas de s’étendre :
surf music (Beach Boys), folk rock (The Byrds), psychédélisme (Grateful Dead), garage rock (The Count Five), rock symphonique (Moody Blues) ou expérimental (Mothers of Invention)...

Concerts et festivals

Les concerts sont de mieux en mieux organisés, dans des salles de plus en plus grandes, ils sont de plus en plus rentables jusqu’à ce que s’impose la notion de festival.
1965
Le premier festival se joue à Monterey (Californie) et réunit le gotha du rock de l’époque (Jefferson Airplane, Jimi Hendrix, The Who, Janis Joplin, The Mama’s and Papa’s) et révèle une recette très rentable, notamment grâce au film et aux disques (The Monterey Pop Festival) qui en sont tirés.
1969
Le festival de Woodstock est un événement aux résonances multiples qui donne raison aux jeunes et ambitieux promoteurs qui font du rock un business fructueux.

Sur les marges du rock et de la pop et dans le sillage de l’utopie hippie, va se développer une imposante scène folk, pétrie de l’idée d’un nécessaire retour à la nature et à l’harmonie. Des musiques souvent empruntées aux traditions musicales européennes, mais aussi amérindiennes, asiatiques ou du Moyen-Orient surgissent et marqueront la production musicale à venir. On commence aussi à y parler écologie, préservation de la planète et à cultiver un mode de vie alternatif, éloigné des canons de la consommation.

Marquées du goût de la découverte et de l’expérimentation tous azimuts, les années 60 se referment sur le goût amer d’une utopie dévoyée, inaccomplie. Sur fond de guerre du Viêt Nam, les assassinats en 1968 de Martin Luther King, puis de Robert Kennedy, candidat aux élections présidentielles des États-Unis et la liquidation brutale par le FBI des Black Panthers, semblent donner un coup d’arrêt à l’espérance collective dont le rock et ses dérivés se faisaient peu ou prou l’écho.

Focus - Folk
La musique folk, originaire des États-Unis, désigne un vaste répertoire de musiques populaires traditionnelles chantées et dansées hérité principalement des migrants anglo-saxons (irlandais, allemands, écossais, anglais et aussi nordiques) mais aussi imprégné de traditions musicales venues de France, d’Italie ou d’Europe centrale et de la tradition juive. Ces musiques ont pris racines aux États-Unis et y ont prospéré avec les instruments adéquats : violon, guitare, accordéon, harmonica ou mandoline. Sa déclinaison, le folksong, désigne plus précisément les chansons, souvent chants de travail et décrivant la vie quotidienne des fermiers et ouvriers de l’industrie en développement aux États-Unis. Dans les années 40 et 50 Woody Guthrie et Pete Seeger sont les figures de la chanson folk puis, dans le courant des années 60, Bob Dylan et Joan Baez incarne un nouvelle scène folk influencée par le rock.

1969 -1976 Plus grand, plus fort, plus riche : les mutations du rock

Bienvenue dans les années 70 ! C'est l'arrivée de nouveaux groupes, de nouveaux noms, de nouveaux sons, plus durs, plus égocentrés, moins utopiques. Les Beatles se sont séparés, le rock est devenu un gros business et les nouveaux dieux du genre poussent les guitares et les voix dans les aigus. Les maisons de disques signent à tour de bras essayant de saisir la moindre nouvelle tendance. Le rock est envahi par des milliers de musiciens et musiciennes de plus en plus capables. Cette musique voyage, se métisse et s’enrichit, avec toujours cette constante : c’est d’abord une musique de danse. Et on danse partout !

La production musicale

L’électronique, de plus en plus présente dans la musique, encourage des changements colossaux : les studios d’enregistrement se multiplient, leur accès se démocratise tandis que la texture des sons, leur étirement, leur coloration sont à portée de mains sur une pléiade d’effets sonores (pédale wah-wah, sustain, fuzz, delay etc.). Les synthétiseurs ouvrent un nouvel horizon musical largement popularisé au début des années 70.

La composition, les musiques et les paroles, ne suffisent plus à caractériser une chanson, un morceau de musique. Leur production va tout autant compter. La production, c’est justement cet agencement des sons que l’enregistrement permet de parfaire. Les Beatles et quelques autres avaient ouvert la voie à la fin des années 60 en inaugurant le concept d’album : produire un disque, c’est un projet global, des chansons enchainées à dessein, une cohérence d’ensemble qui permet de construire une œuvre et une pochette qui documente sur les intentions des artistes et leur inspiration. Le studio en devient le temple, espace sacré de la création.

1967 Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles
1972 The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars de David Bowie
1973 Dark side of the moon des Pink Floyd

L'univers rock

Très tôt, la pulsion du rock a attiré l’attention d’artistes plasticiennes, photographes, écrivains ou cinéastes. Les rockers aspirent à devenir des artistes. Cette ambition sera au cœur du rock des années 70.
Jimi Hendrix et sa musique psychédélique jouée en costume en velours mauve et ses chemises à jabot impressionnent, comme Genesis et sa musique baroque théâtralisée sur scène. Le look (l’image autant que l’allure) comme l’écho que le rock trouve dans le monde adolescent, sont de nature à retenir l’attention d’artistes interrogeant le monde contemporain et les symboles qu’il produit et charrie. Nombre d’entre eux et d’entre elles y trouvent des ingrédients permettant de proposer de nouvelles façons de penser la société et la place qu’y trouvent les individus. Le rock, à l'image de la société des années 70, nourrit les tentatives de vivre sa vie librement.
Frank Zappa, Patti Smith, Lou Reed, David Bowie et plus tard The Clash et les Sex Pistols  seront, parmi tant d’autres, des exemples qui aujourd’hui encore restent marquants.

Industrie du rock

La nouvelle décennie s’annonce moins rêveuse, plus dure et pragmatique. Le sens des affaires l’emportant sur toute autre considération et les générations se renouvelant, le rock est devenu très respectable voire même l’argument d’une société se proclamant libre. L’industrie du disque rayonne, les chaines haute-fidélité (hi-fi) sont un argument imparable pour vendre des LP (Long Play), 33 tours/30 cm, dont la presse spécialisée fait chaque semaine l’exégèse.

Autour des concerts se construit une industrie particulièrement lucrative, qui prospère toujours de nos jours. Les salles au confort intimiste ne suffisent plus, on passe aux stades avant que se construisent à tour de bras des enceintes géantes pour plusieurs milliers de spectateurs d’événements sportifs ou de concerts géants. De retour du Viêt Nam, des GI’s démobilisés apportent les techniques militaires de la logistique et du transport à la conception de tournées gigantesques qui vont traverser les États-Unis, puis l’Europe, de stades en arénas.

États-Unis

Ces évolutions vers le gigantisme, laissent indifférents des jeunes musiciennes et musiciens qui cultivent avec ferveur et candeur l’essence du rock à laquelle ils restent fidèles : une musique âpre et bruyante, un coup de pied joyeux dans les conventions et le refus de l’hypocrisie. Dans les interstices du business vont prospérer des milliers de groupes sincères et créatifs dont l’écho ira grandissant, donnant en quelque sorte espoir et confiance à des jeunes que le cirque du « grand commerce rock » repousse. Nés dans les métropoles industrielles du nord bientôt défaites par la crise et le chômage de masse, les Stooges, MC5 et autres groupes bruyants menés par des fils de prolétaires arrogants ouvrent le bal, suivis à New York par le sombre Velvet Underground. Ils se moquent bien de plaire et de séduire, attachés à exprimer leurs sentiments entre désarroi et révolte.

Grande-Bretagne

Dans ce pays qui aime la sophistication et la provocation, vont s’affirmer des artistes qui s‘y adonnent avec bonheur, menés par David Bowie, icône pop s’il en fût. Troublant, équivoque et provocateur, il se joue de tous les codes avec une audace et une précision remarquables. Sa musique emprunte au rock comme au rhythm’n’blues, au minimalisme comme au cabaret dessinant une fresque d’une incomparable richesse, aux influences profondes et durables.

Cette même Angleterre, moins embarrassée que la France par son passé colonial, met en orbite mondiale une musique née en Jamaïque, ancienne colonie britannique. Nourris par le rhythm’n’blues déversé par les radios noires, les jeunes des faubourgs de l’île, fabriquent un genre bien particulier, tout en contretemps, qui au fil de nombreuses évolutions deviendra le reggae. Le rock s’en empare avec gourmandise. Les quartiers populaires de Londres, tels Nothing Hill, accueillent cette immigration et sa musique qui intéresse vite des studios et des labels, notamment Island, créé par Chris Blackwell, fils d’un riche exploitant, qui va vite signer l’immense Bob Marley.

Dans les villes du nord du Royaume-Uni, là où mines et industries chancèlent avant de connaître l’effondrement, les faubourgs populaires donnent au rock une noirceur qui dit bien l’humeur de jeunes qui ne voient pas trop où est l’avenir. Après le hard rock, incarné par des groupes tels Led Zeppelin ou Deep Purple jouant fort des schémas issus du blues, vient l’ère du métal et de ses nombreuses chapelles qui s’éloignent doucement de l’idiome fondateur et imposent leur loi au rock, à coup de riffs de guitare surpuissants, de batteries vitaminées et de hurlements stridents dans des mises en scène spectaculaires. Ainsi Kiss et ses musiciens grimés, Motorhead et son univers de bikers. Autour de la mystique des vieilles légendes celtiques ou nordiques, comme chez Black Sabbath ou dans des scenarii apocalyptiques avec Iron Maiden, se construit tout un univers sonore et visuel dont des milliers de jeunes deviennent les ardents propagateurs. La face du rock en sera changée.

Évidemment, quoique sa genèse se trouve dans le monde anglo-saxon, le rock a tôt débordé dans de vastes territoires : France, Italie, Brésil, Japon, Tchécoslovaquie, Hongrie, URSS, Allemagne et tant d’autres en ont connu les stridences.

France

À la faveur de mai 1968 et de la liberté de ton que l’événement impose, va se développer une scène singulière, sorte de free-rock nourri de jazz et de musique électronique, héritage de Pierre Schaeffer, qui en fut l’inventeur. Interdite de télévision et de radio, elle va toutefois fabriquer un vaste réseau underground qui épousera les luttes sociales comme les combats écologistes et féministes, tout en affirmant une réelle ambition créative : Catherine Ribeiro + Alpes, Art Zoïd, Lard Free, Magma, Heldon et tant d’autres sont connus aux quatre coins du monde par un vaste public d’initiés.
Les yéyés ont grandi tandis que le rock anglo-saxon envahissait le pays. Toutefois, la chanson a de nombreux adeptes surtout quand elle se renouvelle avec des Jacques Higelin, Serge Gainsbourg, Bernard Lavilliers, Alain Souchon et autres Véronique Sanson et Françoise Hardy.
Le rock français est à la peine, dominé par la « nouvelle chanson française » : après Triangle et Martin Circus, Téléphone, Trust et Bijou tireront leur épingle du jeu.

Allemagne

À la fin des années 1960, les jeunes Allemands se sont mis à inventer de nouvelles formes musicales, au croisement des musiques afro-américaines, de la tradition romantique de la musique allemande et des innovations de la musique contemporaine et de ses machines. Le kraut-rock, rock choux-fleur, s’est incontestablement affirmé comme une des formes les plus inventives de la rock-music avec des groupes tels Tangerine Dream, Amon-Düül ou Can. Ces groupes laisseront une trace profonde dans les musiques contemporaines, notamment Kraftwerk, qui a nourri bien des boucles de rap. Ils sont d’ailleurs connus des jeunes américains qui, au début des années 80, à Chicago et à Détroit, mettent au point une nouvelle recette musicale et dansante, gorgée de sons électroniques et de transes, la House, point de départ des musiques électroniques devenues à leur tour un vaste océan d’écoles et de styles.

Moins structurés économiquement que les pays occidentaux et souvent dominés par des régimes dictatoriaux, les pays du Sud n’en sont pas moins eux aussi confrontés à une jeunesse turbulente et créative qui perçoit dans les éclats du rock la saveur d’une liberté à conquérir, pourquoi pas, en chantant et en dansant. Il existe une multitude d’enregistrement aux stridences électriques en provenance d’Éthiopie, du Sénégal, de Thaïlande et d’Afrique australe mais aussi du Brésil et d’Uruguay. En Amérique Latine un courant profond, la nueva cancion, parti du Chili, met la chanson populaire à l’honneur et invite les jeunes à s’emparer de leur histoire musicale, comme le professe Victor Jara.

Dans la foulée les musiques d’Afrique font une irruption remarquable : portées par des artistes impressionnants, de Fela Anikulapo Kuti avec l'Afro beat à Angelique Kidjo. Elles dessinent une part de notre avenir musical.

Focus - Disco
Quand le rock des années 70 parcourt les stades, délaisse les clubs et oublie de faire danser, le disco envahit les discothèques, notamment celles fréquentées par les jeunes noirs et latinos. Des rythmiques solides, un tempo calé sur 120 pulsations minute, des arrangements chatoyants et des allusions nombreuses au sexe : la recette est imparable et va gagner le monde entier. Aux États-Unis, bien sûr, avec Chic, KC and the Sunshine Band, Sister Sledge ou Gloria Gaynor mais aussi en Allemagne où Boney M, Dona Summer, Gorgio Morroder font fureur et en France avec Cerrone, Santa Esmeralda et même Sheila, la chanteuse yéyé du début des années 60.

 

1977-1990 Musique à la mode ou fracas sonore ?

Grande Bretagne

Essorée par les fermetures d’usines et la dérèglementation sociale, la société anglaise voit s’agiter de jeunes gosses d’ouvriers qui ne se réfugient ni dans la consommation ni dans les mystiques médiévales. Nouvelle génération parfaitement consciente que le monde qui vient ne sera pas le sien, ces jeunes rejettent également ces groupes de rock célèbres engloutis dans les excès. Leur refus est d’autant plus brutal qu’ils ont d‘eux-mêmes une bien piètre idée.
1977
Les punks, déchets en français, sont positivement sans illusion. No future est leur slogan, marginale leur existence et approximative leur musique qui se diffuse sur cassettes audio. Les fameux Sex Pistols en formulent l’image la plus caractéristique. Groupe brouillon, provocateur, incontrôlable et iconoclaste comme l’indique leur interprétation brûlante de l’hymne britannique God Save the Queen. Leur premier disque (le seul vraiment), Never Mind the Bollocks, Here's the Sex Pistols, est un furieux pavé dans la mare qui bouscule les règles du rock business.
La recette des punks : jouer dans des petites salles, jouer sale, écrire des morceaux courts, crier la haine d’un monde sans pitié pour les petits dans une Angleterre qui s’enfonce dans un néo-libéralisme brutal sous la poigne de Margaret Thatcher, «la dame de fer».

Une nouvelle génération emboîte le pas des Sex Pistols, agile et créative, qui rapidement éclot en autant de tendances que de groupes : ska punk, new wave, cold wave, gothic… la liste est sans fin de ces groupes britanniques qui ouvrent avec splendeur les années 80 : The Clash, Magazine, Depeche Mode, Joy Division puis The Cure, The Jam.
Ces groupes installent une nouvelle esthétique sans guitare, où l’électronique des synthétiseurs joue un rôle prépondérant, ouverte sur de nombreuses influences, notamment celle du reggae. La cassette devient incontournable : on écoute et on échange de la musique même en se promenant grâce au Walkman. La copie privée affole l’industrie du disque prise à son propre piège technologique.

L'ère du CD

Dans ces années 80 qui rapidement sentent l’argent facile, la drogue et le sexe, la mondialisation installe son tempo et l’informatique sa grammaire, dont l’emblème est le CD, première étape de la numérisation de la musique. La musique coule à flot dans les radios FM, nouvelles venues qui font la pluie et le beau temps à côté de télévisions musicales qui diffusent des torrents de clips fixant de nouvelles normes. La musique doit être vue, plus qu’entendue. Les publics du rock se segmentent et plus que jamais, des groupes se forment composés d’une jeunesse en colère se projetant dans un avenir qu’elle espère éblouissant, enivrant.

Les maisons de disques, les majors, contrôlent une très large partie d’un marché que toutefois leur disputent des labels indépendants dont certains accèdent à un statut de « petite major » comme Virgin, né dans les années 70 et devenu une multinationale de l'« entertainment », le monde des loisirs. C’est d’ailleurs la tendance que suit le rock business : dans ce nouveau monde se mêlent musique, cinéma, clips, produits dérivés (entre t-shirts et mugs, vendre une image, un logo), BD et concerts gigantesques. Les nouveaux rois du stade se nomment Michael Jackson, Madonna, Queen, Rolling Stones et autres Bruce Springsteen. Ils génèrent beaucoup d’argent et influencent leur époque. Ce sont des « people » dont la vie est racontée dans les tabloïds, ces journaux scandaleux qui aiment les scandales.

Sur fond de retour de la morale dont le mandat du président américain Reagan a donné le La, les « rockers » se mettent à épouser les grandes causes : concerts et disques caritatifs se multiplient, comme le Live Aid, grande messe musicale pour combattre la famine en Afrique et aussi le Nelson Mandela 70th Birthday Tribute réunissant des dizaines de milliers de personnes et des stars du rock pour la libération du futur président de l’Afrique du Sud emprisonné depuis près de trente ans dans les geôles de l’apartheid.

États-Unis

Dans des circonstances différentes, l’histoire se répète dans les universités où les « College Radios » diffusent un autre rock, du rock garage, souvent sombre et brûlant, avec des textes désillusionnés. Une nouvelle scène se développe sur le terrain, soutenue par des fanzines et des labels indépendants fondés par des fans rompus au DIY (do it yourself, la débrouille). Elle puise dans le passé du rock qui, a déjà quarante ans, emprunte librement à la country, au métal ou au punk et ne s’embarrasse pas de bonnes manières. Sur les traces de groupes avant-gardistes comme Père Ubu ou Dead Kennedy’s, s’affirment les Pixies ou R.E.M. qui connaîtront l’ivresse des stades.

Hardcore, country punk, garage punk rockabilly, psychobilly… là encore les appellations fleurissent. Mais celle qui s’impose est le grunge, incarné par une scène installée au nord-ouest des USA, autour d’un label devenu fameux, Sub Pop, qui produira le premier disque du non moins fameux groupe Nirvana formé en 1987. Son chanteur Kurt Cobain devient une icône après son suicide en 1994 à 27 ans qui le range dans le sinistre club des 27, ces rock stars mortes à 27 ans : Jimi Hendrix, Brian Jones, Janis Joplin, Amy Winehouse…

France

Dans les MJC (Maisons des jeunes et de la culture) et nombre de petits bars à Paris ou en région, comme sur les ondes des radios libres, se développe une scène rock restée fidèle à la guitare et au blouson de cuir (Dogs, Carte de Séjour, Parabellum…). Des poignées d’ex-punks font naître dans les squats de Paris la vivace et bruyante scène alternative dont Bérurier Noir, les Garçons Bouchers, la Mano Negra (avec Manu Chao), les Satellites, les Wampas ou les VRP sont les héros.

Mais surtout, se répandent dans le pays les nouveaux sons du rap. Popularisés par la grâce d’une incroyable émission de télévision le dimanche à midi sur TF1, « H.I.P / H.O.P », elle met en scène les jeunes de banlieue, gosses des immigrations jusqu’ alors peu visibles. C’est une révolution, encouragée par de nouvelles règles qui obligent les radios à diffuser majoritairement des titres en français : un boulevard s’ouvre au rap, occupé avec bonheur par NTM, IAM, Assassin, Diam’s puis une myriade d’autres.

Focus - New wave
Le punk auto-dissous lors du dernier concert des Sex Pistols à Los Angeles en 1978, les dizaines de jeunes anglais qui avaient assisté bouche bée à leurs concerts décident de s’y mettre à leur tour. Guitares aiguisées, basse monotone, synthétiseurs froids et chant sombre, la new wave est née et fait danser une jeunesse sans espoir mais bien décidée à vivre l’instant présent. Affranchis des formats initiaux du rock, pas toujours rigolos, ces groupes dessinent la bande son des années à venir avec un talent certain et souvent un vrai sens de l’innovation musicale, sonore et scénique. Ce sont Joy Division, Depeche Mode, New Order, Magazine, The Auteurs ou encore Siouxsee and the Banshees et The Cure.

 

1991-2010 Faire du neuf avec du vieux ?

L’industrie est en crise, les ventes se mettent à chuter, le CD, support roi de la fin du XXème siècle, entame sa dégringolade : avec la généralisation d’Internet, les échanges de fichiers se généralisent, des plateformes proposent de la musique gratuite en quantité phénoménale. L’industrie panique et se réorganise autour de l’idée que la musique dorénavant sera dématérialisée et accessible sur un petit terminal mobile, le smartphone.

Grande-Bretagne

Place à un nouveau courant : la britpop. Les groupes qui vont la définir ne cachent pas leur hostilité au grunge qu’ils trouvent ennuyeux à en mourir. Renouant avec la sophistication, l’étude de mœurs et le thé, la britpop accouche de groupes passionnants et élégants, comme Blur conduit par Damon Albarn - artiste aux multiples facettes - ou Pulp, Suede ou encore Oasis, aux manières de voyous gracieux. En vérité, le rock britannique n’a pas cessé de produire des joyaux au fil des années, soutenu par un réseau de labels et de disquaires particulièrement actifs, appuyés sur une presse musicale exigeante et abondante. Pourtant, s’installe l’impression que les choses se répètent.

L’irrésistible ascension du rap

Cette forme musicale née dans les ghettos de New York, façonnée par des exclus de la société, minorités mal traitées qui vont sortir la bande-son de cette fin de siècle, rude, âpre, bavarde et sans concession. Ce qui frappe c’est, au début, la grande proximité qu’entretiennent rock et rap. Les fanzines de rock parlent de rap et des concerts mixtes sont organisés avant que l’un et l’autre ne se détachent et que le rap devienne le genre musical le plus écouté partout, tentaculaire et protéiforme : Grandmaster Flash, Public Enemy, NWA, Wu Tang Clan et Nas comptent parmi les grands initiateurs.

Focus - Rap
Qu’il s’agisse de « Rhymes And Poetry » (rimes et poésie) ou de « jacter », « bavarder » (to rap en argot), les deux sens résument bien cette musique. Part capitale du vaste ensemble hip-hop (où se côtoient le graffiti, le break-dance, le human beat box et le deejaying), le rap naît au début des années 70 de plusieurs ingrédients : la poésie urbaine contestataire des militants du mouvement des droits civiques et des Black Panthers, récitée d’abord avec des percussions, puis à l’image des sound-systems de Jamaïque, sur des fragments de musique scratchés sur des disques à l’aide de deux platines mixant des disques de rythm’n’blues. Des séquences mises en boucle, des « boites à rythme humaines » et une diction tirant davantage vers le jazz que vers le rock vont petit à petit définir ce genre au succès planétaire qui, mieux que tout autre, dit avec rudesse le monde d’aujourd’hui et scrute « le monde de demain ».
Grand recycleur de rythmes et de phrases musicales, le rap est une des premières musiques à se fabriquer avec de la musique déjà composée. Des centaines, des milliers de disque de rythm’n’blues, de funk et de rock sont passés par les oreilles exigeantes de DJ qui repèrent la phrase, le beat qui trouvera une nouvelle vie sous le diamant des platines. Les écoles du rap sont innombrables et dessinent un univers bigarré où les consciences éclairées de Public Enemy côtoient le mauvais goût d’un gangsta rap souvent remarquablement produit.
Deuxième patrie du rap, la France depuis NTM et IAM voit éclore une scène vivace et virulente, aux multiples déclinaisons qui en font le genre musical le plus écouté où l’on rencontre de plus en plus de jeunes femmes brillantes.

 

2010-2024 Le rock à l’heure des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle

L’usage abondant des synthétiseurs a logiquement conduit à ce que les univers numériques envahissent littéralement la production musicale. Il n'existe pas un enregistrement qui n’en porte la griffe. Le champ des possibles s’en trouve élargi et les styles ne cessent de proliférer. Une nouvelle appellation s’est imposée dans les couloirs de l’industrie et des institutions : on parle de musiques actuelles sorte de fourre-tout insatisfaisant pour désigner ces musiques du quotidien qui coulent sur les plateformes de streaming et dans lesquelles bien des jeunes se devinent un avenir grisant. On dit que 140 000 titres sont placés sur les plateformes chaque jour. Comment s’y retrouver, où est le rock, où sont la révolte et l’urgence ?

Malgré ce sentiment d’uniformisation, la scène rock est d’une étonnante vitalité. Les concentrations de l’industrie du disque ont paradoxalement laissé de l’espace pour des petits labels, des petites structures qui permettent aux groupes de produire des enregistrements valables, de les diffuser correctement et jouer dans des réseaux de salles, comme en France celui des SMAC (salles de musiques actuelles).

En 2015, l’effroi nous saisit : un concert de rock au Bataclan devient le lieu de l’effroyable massacre commis par des tueurs se réclamant de Daech et de l’Islam radical. L’émotion parcourt le pays qui redoute de voir se fissurer le modèle républicain sur lequel sont assis les principes de la laïcité. Et nous reste cette question : peut-on encore aller au concert ?

Les réseaux sociaux qui étaient une opportunité étonnante au début, notamment le premier d’entre eux, Myspace, sont devenus une énorme et complexe machine dont il est difficile de tirer du bénéfice pour la promotion de sa création, du fait de leur transformation en vastes machines publicitaires pilotées par des algorithmes jalousement protégés par les GAFAM. Comment se faire connaître, capter l’attention du public ? Les plateformes de streaming deviennent le principal moyen d’écoute de la musique et s’efforcent d’anticiper nos goûts avec leurs playlists.
Dans un univers économique rudement concurrentiel, exister est une gageure et rester indépendant est un objectif précieux pour bien des formations mais difficile à tenir si le succès frappe à la porte.

Les formes du rock n’en finissent pas de se diversifier. Quoi de semblable entre Radiohead et les White Stripes, Big Thief et Foals, Psychotics Monks ou Fontaines DC, sinon cette inextinguible envie de dire, de créer et d’affirmer son goût pour la liberté en toute autonomie.

Être libre et indépendant, c’est d’abord composer et produire la musique que l’on souhaite en s’affranchissant autant que possible des règles économiques et des critères de rentabilité que l’industrie du disque s’impose. Pour elle il faut faire ce qui marche, qui est rarement ce que les créateurs ont envie de faire. Par définition, ils essaient de faire du neuf. C’est ce que nous attendons d’eux. C’est ce que le rock a toujours promis d’être : un espace enthousiaste de liberté, d’insolence naïve et de refus obstiné des règles imposées par d’autres.

 

Repère écrit par Edgar Garcia,