Théatre

Antiquité

Tragédie grecque (Ve siècle av. J.C.)

Théâtre de Dionysos à Athènes - Berthold Werner

Théâtre de Dionysos à Athènes - Berthold Werner

 

En Grèce, dans l'Antiquité, le genre théâtral par excellence était la tragédie. Le spectacle était composé de chants, de musique, de danses et de vers déclamés. Ce-dernier était donné pour les citoyens d’Athènes dans le cadre rituel des Grandes Dionysies durant lesquelles l’État organisait un concours entre trois auteurs de tragédies.
 



 

 

Parmi les meilleures tragédies, les œuvres d’Eschyle - L'Orestie - (525-456 av. J.C.), Sophocle - Antigone - (497-405 av. J.C.) et Euripide - Médée - (484-406 av. J.C.) nous sont parvenues. Des centaines d’autres sont perdues. 

Buste d'Eschyle Musées du Capitole

Buste d'Eschyle - Musées du Capitole

Buste de Sophocle Moulage d'un buste de la collection Farnèse (à présent à Naples) Musée Poushkine de Moscou. Shakko

Buste de Sophocle - Musée Poushkine de Moscou - Shakko

Buste d'Euripide - Musées du Vatican - Marie-Lan Nguyen

Buste d'Euripide - Musées du Vatican - Marie-Lan Nguyen














 

Le théâtre à Rome

Les pièces romaines, tragédies ou comédies, s’inspirent du théâtre grec. Typiquement latine, dès le 3e siècle av. J.C. « l’atellane » fait improviser des personnages stéréotypés et masqués dans un registre comique préfigurant la Commedia dell’arte.

Comédies de Térence

Dessin illustrant les Comédies de Térence, IXème siècle, conservé à la BnF

Quelques auteurs latins : Plaute (comédies et atellanes), Térence (Comédies), Sénèque (tragédies)

Liens : Le théâtre antique de Jublains, le théâtre d'Orange

Moyen Âge

Mystère (XIV-XVe siècle)

Représentation d'un mystère consacré au martyre de sainte Apolline. Heures d'Étienne Chevalier enluminées par Jean Fouquet - Musée Condé, Chantilly

Représentation d'un mystère consacré au martyre de sainte Apolline - Heures d'Étienne Chevalier enluminées par Jean Fouquet - Musée Condé, Chantilly

 

Au Moyen Age, le théâtre n'est plus lié à la mythologie romaine mais à la religion chrétienne. C'est pourquoi on le renomme "mystère". Il s'agit d'une représentation théâtrale collective à grand spectacle donnée dans les villes de France entre le XIVe et le XVIe siècle. Elles ont généralement pour thème la Passion du Christ ou la vie d’un saint patron. L’action se déroule entre paradis et enfer, mêle surnaturel et réalisme et prend la forme de tableaux animés, illustrant le texte lui-même composé de dizaines de milliers de vers.

Les mystères ont leur équivalent en Allemagne « Passionspiel », en Angleterre « miracle-plays », en Espagne « auto sacramentales » et en Italie « sacra laude ».

Dans le registre comique, fabliaux, farces, soties témoignent de l’influence de l’atellane latine.

Bien qu'ils soient souvent anonymes, nous pouvons retenir parmi les auteurs connus : Adam de la Halle, Rutebeuf, Jean Bodel

Renaissance et temps modernes

William Shakespeare (1564-1616)

Portrait de William Shakespeare par William Droeshout

Portrait de William Shakespeare par William Droeshout

C'est au XVIe siècle que né le premier théâtre en dur : une salle à demi couverte ayant pour vocation d'accueillir des troupes quelque soit la saison. Cette innovation permet à des dramaturges de se financer et se distinguer comme le fit Shakespeare, auteur dramatique majeur, le plus joué au monde. On compte trente-sept pièces, historiques, tragiques, comiques et romantiques, représentées pour la plupart au Théâtre du Globe, puis au Blackfriars, à Londres.

“Blackfriars Theatre : Conjectural Reconstruction” par G. Topham Forrest, The Times, 1921

“Blackfriars Theatre : Conjectural Reconstruction” par G. Topham Forrest, The Times, 1921

Second Globe Theatre, detail from Hollar's View of London, 1647

Second théâtre du Globe, détail de View of London, de Hollar - 1647

 

 

 

 

 

 

 



Œuvres de William Shakespeare :

Le songe d'une nuit d'été au théâtre de l'Odéon, féerie en huit tableaux, de Shakespeare Dessin Adrien Marie Gallica - BnF

Le songe d'une nuit d'été au théâtre de l'Odéon, féerie en huit tableaux, de Shakespeare - Dessin Adrien Marie - Gallica - BnF

Hamlet
Hamlet par Delacroix
Henri V
Henry VI
Richard III
La Mégère apprivoisée
Othello
Le Roi Lear
Roméo et Juliette
Le Songe d’une nuit d’été
La Tempête

 

 

Commedia dell'arte (vers 1545 - fin XVIIIe siècle)

La Commedia dell'arte est  une tradition d’origine italienne fondée sur les masques (Pantalon, Polichinelle, Arlequin…) et l’improvisation, elle essaime en Europe notamment à Paris. Carlo Goldoni (1707-1793) lui oppose la comédie de caractère, plus complexe et moins populaire.

Performers of a Commedia dell'Arte, 1827

Personnages de la Commedia dell'arte (1827) - Cooper Hewitt - Smithsonian Design Museum

A voir : présentation de La Trilogie de la villégiature de Goldoni mise en scène par Giorgio Strehler au Théâtre National de l'Odéon (INA)

En 1585 le Théâtre Olympique de l'architecte Palladio à Vicence puis en 1590 le Teatro all’Antica de architecte Scamozzi à Sabbioneta  sont les deux premiers théâtres « en dur » réservés  au prince. Construits dans le nord de l’Italie, ces théâtres préfigurent les "scènes à l’italienne".

A Florence en 1600 naît le « dramma per musica », appelé plus tard « opéra » avec notamment les compositeurs Jacopo Peri et Claudio Monteverdi.

 

Jean-Baptiste Poquelin dit Molière (1622-1673)

Portrait de Molière par Nicolas Mignard - Musée Carnavalet

Portrait de Molière par Nicolas Mignard - Musée Carnavalet

 

Le théâtre français hérite de ces influences européennes multiples. Molière en est le témoignage. Comédien, chef de troupe, metteur en scène et auteur, Molière est l’emblème, pour la comédie et la comédie-ballet, du théâtre classique français, aux côtés de Corneille (1606-1684) et Racine (1639-1699) pour la tragédie et la tragi-comédie.












 

Les Précieuses ridicules par Laurent Cars d'après François Boucher RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec

Les Précieuses ridicules par Laurent Cars d'après François Boucher - RMN-Grand Palais / Tony Querrec - musée du Louvre

Pièces
L’Avare
Le Bourgeois gentilhomme
L’École des femmes
Le Mariage forcé
Le Médecin malgré lui
Les Précieuses ridicules
Tartuffe








 

Molière reçu par Louis XIV Jean Hégesippe Vetter RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

Molière reçu par Louis XIV - Jean Hégesippe Vetter - RMN-Grand Palais / Hervé Lewandowski - musée d'Orsay

Biographie
La vie de Molière
Les actes notariés concernant Molière
Versailles et les fêtes de cour sous Louis XIV







 

Pierre Corneille (1606-1684)

Pierre Corneille par Achille Devéria (XIXe siècle) (Le Brun, Charles (1619-1690). Peintre de l’œuvre reproduite)

Pierre Corneille par Achille Devéria (XIXe siècle) (Le Brun, Charles (1619-1690). Peintre de l’œuvre reproduite)

Le Cid et Chimène par Luc Olivier Merson - Musée d'Arts de Nantes Photo (C) RMN-Grand Palais / Gérard Blot

Le Cid et Chimène par Luc Olivier Merson - RMN-Grand Palais / Gérard Blot - Musée d'Arts de Nantes

La pièce la plus emblématique de l’œuvre de Pierre Corneille est sans conteste Le Cid (1637), mais il maîtrise parfaitement, en les renouvelant, tous les genres de théâtres, de la tragédie à la comédie, et toute la machine théâtrale comme il en fait la démonstration brillante dans L’Illusion comique

Liens
L’Illusion comique, mise en scène de Frédérich Fisbach
Laissez-vous conter Corneille






 

Jean Racine (1639-1699)

Jean Racine au Palais du Louvre

 Jean Racine au Palais du Louvre - Thesupermat

Considéré comme le « tragique par excellence », Jean Racine est l’auteur de onze tragédies et une comédie. Il abandonne le théâtre après Phèdre (1677) et devient historiographe du roi.













 

Phèdre par Alexandre Cabanel, Musée Fabre

Phèdre par Alexandre Cabanel, Musée Fabre

Liens

Andromaque, mise en scène de Muriel Mayette
Bérénice, mise en scène de Célie Pauthe
Britannicus, mise en scène de Stéphane Braunsweig
Phèdre, mise en scène de Patrice Chéreau









 

La Comédie-Française

La Comédie française est fondée à Paris en 1680 par Louis XIV. Elle provient de la fusion de la compagnie de Molière et de celle de l’Hôtel de Bourgogne, elle est la plus ancienne troupe d’Europe, installée au Palais-Royal depuis 1799, après avoir occupé le futur Théâtre de l’Odéon (1782-1793).

La Comédie-française Antoine Meunier Gallica -BnF

La Comédie-française - Antoine Meunier - Gallica -BnF

Intérieur de la Comédie-Française en 1790 - Antoine Meunier - Gallica - BnF

Intérieur de la Comédie-Française en 1790 - Antoine Meunier - Gallica - BnF

 

 

 



 


 


Liens
Registre de La Grange
Historique de l’Odéon
La Champmeslé
Sarah Bernhardt
Madeleine Brohan
Marie NDiyae
Dario Fo

Révolution et XIXe siècle

Diffusion des idées des Lumières

Autonomisation des femmes

Pendant la période prérévolutionnaire, les théâtres se multiplient et  diffusent les idées des Lumières. Les femmes  accèdent à la direction des théâtres, comme Michelle Poncet dite la « Destouches-Lobreau » et Mademoiselle Montansier (1730-1820).

Parmi les auteurs, Marivaux (1688-1763) s’inspire  de la Commedia dell’arte et lui confère une dimension psychologique notamment en s’intéressant à la condition de la femme.

Œuvres : La Surprise de l’amour (1722), La Double inconstance (1723), Le Jeu de l’amour et du hasard (1730), Le Triomphe de l’amour (1732).

Émergence du statut d’auteur

Le système des privilèges du roi est aboli par la Révolution grâce au dramaturge Beaumarchais (1732-1799), militant pour les droits d’auteurs et  fondateur de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques.

Œuvres : Le Barbier de Séville ou la précaution inutile (1775),  La Folle journée ou le mariage de Figaro (1778)

Théâtre romantique

Les romantiques chassés du temple - carricature de De Barray

Les Romantiques chassés du temple : Hugo, Dumas et Frédérick Lemaître sont chassés de la Comédie-Française par Mlle Rachel et s'enfuient vers le théâtre de la Renaissance : le 8 novembre 1838 a eu lieu dans ce dernier théâtre la première de Ruy Blas, drame romantique - Carricature de De Barray, publiée dans La Caricature provisoire, n°8, décembre 1838

Sur les cendres de Shakespeare né le théâtre romantique. Il est illustrée en France par le théâtre de Victor Hugo (1802-1885) et sa Bataille d’Hernani en 1830, mais aussi par Alexandre Dumas (1802-1870) et Alfred de Vigny (1797-1863). Il s’inscrit dans le mouvement de renouvellement des formes dramatiques lancé par les classiques allemands : Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832), Friedrich von Schiller (1759-1805), Gotthold Ephraïm Lessing (1729-1781) et Heinrich von Kleist (1777-1811).

 

 

Vaudeville

L'ancien Théâtre du Vaudeville situé place de la Bourse à Paris.

L'ancien Théâtre du Vaudeville situé place de la Bourse à Paris.
Arthur Pougin, Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s'y rattachent, Librairie de Firmin-Didot, Paris, 1885.
Bibliothèque nationale de France

Le genre du Vaudeville, qui trouve son origine dans des chansons populaires du XVe siècle, mêle aux XVIIe et XVIIIe siècles des textes à la fois parlés et chantés. La comédie « à vaudevilles » devient au XIXe siècle une comédie d’intrigues et de quiproquos, emblématique du théâtre de Boulevard, dont les maîtres sont Eugène Scribe (1791-1861), Eugène Labiche (1815-1888) et Georges Feydeau (1862-1921).

L’Affaire de la rue Lourcine de Labiche

Le Voyage de monsieur Perrichon de Labiche

La Dame de chez Maxim de Feydeau

Un Fil à la patte de Feydeau

A voir : Le Théâtre de la Gaîté et le « Boulevard » à la Belle Époque

 

 

Le Second Empire

Sarah Bernhardt par Nadar - Gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Sarah Bernhardt par Nadar - Gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Madeleine Brohan (1833-1900), de la Comédie-Française par Paul-Jacques-Aimé Baudry

Le Second Empire est une période de prospérité pour les théâtres parisiens. 
Madeleine Brohan est un exemple assez représentatif de ce qu’est une comédienne de la Comédie-Française au milieu du XIXe siècle.
Sarah Bernhardt, une des plus importantes actrices françaises du XIXe et du début du XXe siècle. C'est l'époque des "stars" ou "vedettes" du théâtre qui attirent les foules. Sarah Bernhardt (1844-1923) fut aussi directrice de théâtre : théâtre de la Renaissance, théâtre de la Porte Saint Martin et théâtre de la Ville auquel elle donna son nom.

Cora Laparcerie (1875-1951), actrice classique et de boulevard, metteuse en scène, dramaturge, chroniqueuse de théâtre, dirige également plusieurs théâtres : Bouffes-Parisiens, La Renaissance, La Scala.

Théâtre naturaliste

Dominé en France par Émile Zola (1840-1902) qui veut faire de la scène un lieu de réalisme et de vérité, à portée sociale, le théâtre naturaliste est principalement représenté au Théâtre Libre d’André Antoine à partir de 1887. A l'étranger, des pièces lui font écho comme celles d’August Strindberg (1849-1912), Henrik Ibsen (1828-1906), Gerhart Hauptmann (1862-1946) ou Anton Tchekhov (1860-1904).

Henrik Ibsen par Eilif Petersen

Henrik Ibsen par Eilif Petersen
1895

 

Œuvres :
Ibsen : Hedda Gabler, John Gabriel Borkmann, Peer Gynt, Rosmersholm

Tchekhov :  La Cerisaie, Sur la grand’route

Georges Banu : Ma Cerisaie

 

 

 

Affiche du film Alsace avec Réjane réalisé par Gaston Leroux et Camille Dreyfus, 1916
Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg

 

 

En 1894, la comédienne Réjane (1856-1920) crée en France le rôle de Nora dans « Maison de poupée » d’Henryk Ibsen. Réjane rachète en 1906 le Nouveau-théâtre qu'elle dirige et nomme théâtre Réjane (actuel théâtre de Paris). Elle contribue à la diffusion en France des grands auteurs des avant-gardes symbolistes.

 

 

 

Théâtre symboliste

Maurice de Maeterlinck

Maurice de Maeterlinck
New York Public Library Archives - Tucker Collection

Avec le symbolisme apparait le théâtre du verbe et des idéaux, croisant texte, peinture et danse. Il se manifeste au Théâtre d’Art, puis au Théâtre de l’Œuvre, dirigé par Lugné-Poe des années 1880 à la fin du siècle. Inspiré par la poésie de Mallarmé, il trouve en Maeterlinck son auteur emblématique.

 

 

 

 

 Comédie Héroïque

Benoît-Constant Coquelin (Coquelin aîné), en Cyrano de Bergerac, à la première de la pièce du même nom, d'Edmond Rostand, le 27 décembre 1897 au théâtre de la Porte-Saint-Martin - L'Illustration, 8 janvier 1898

Benoît-Constant Coquelin, en Cyrano de Bergerac, à la première de la pièce du même nom, d'Edmond Rostand, le 27 décembre 1897 au théâtre de la Porte-Saint-Martin - L'Illustration, 8 janvier 1898

 

La comédie héroïque emprunte à l'épopée son héros de sang noble et à la comédie son sens de la satire. Cette association plait beaucoup. Après deux pièces pour Sarah Bernhardt, Edmond Rostand écrit Cyrano de Bergerac, une "comédie héroïque en 5 actes et en vers" : la pièce sans doute la plus célèbre et la plus jouée du théâtre français.

 

 

 

 

 

La mise en scène au tournant du XXe siècle

La mise en scène, pratiquée en réalité depuis les origines, voit naître un artisan unique et bientôt central : le metteur en scène. En France, André Antoine (1858-1943) incarne cette évolution. En Europe, l’art de la mise en scène et de l’acteur font l’objet de nombreux écrits théoriques dus à Constantin Stanislavski, Vsevolod Meyerhold, Erwin Piscator, Edward Gordon Craig, Jacques Copeau

En 1919, le Laboratoire Art et action est fondé par Louise Lara (1876-1952), sociétaire de la Comédie-française et son époux, Édouard Autant (1872-1964),qui ont pour objectif de défendre les œuvres modernes. Ce théâtre est à l'origine de l'introduction du théâtre futuriste.

Première moitié du XXe siècle : Réveiller les consciences et émanciper le spectateur

A la suite des changements opérés au tournant du XXe siècle, le théâtre se théorise dans l'affirmation d'une rupture avec la tradition formelle. De nouveaux mouvements artistiques apparaissent jetant les bases du théâtre des XXe et XXIe siècles.

Le "théâtre de la cruauté"

Théorie développée par Antonin Artaud (1896-1948), dans Le théâtre et son double (1938) prônant un théâtre paroxystique sans distanciation qui doit « réveiller » le spectateur. Filiation Peter Brooke (1925-2022) ; Romeo Castellucci (1960).

Le théâtre engagé

Bertolt Brecht (1898-1956), auteur dramatique, metteur en scène et théoricien allemand, se démarque dès ses premières pièces du théâtre dramatique fondé sur l’illusion pour écrire un théâtre épique faisant le choix de la distanciation. Communiste et antifasciste, il doit s’exiler au Danemark, en Finlande puis aux États-Unis avant de revenir à Berlin-Est où il fonde en 1949 le Berliner Ensemble avec sa femme l’actrice Helene Weigel (1900-1971).
Pièces : Baal (1919)Opéra de quat'sous (1928) Mère Courage et ses enfants (1939), La Résistible Ascension d'Arturo Ui (1941).

Après la seconde guerre mondiale, en France, Jean Paul Sartre (1905-1980) et Albert Camus (1913-1960) abordent des thèmes politiques (la révolution, l’action sociale, la responsabilité individuelle…) sans rompre avec l’esthétique formelle.
Œuvres : Les Mouches (1943), Huis clos (1944), La putain respectueuse (1947) de Jean Paul Sartre L’État de siège (1948), Les Justes (1949) d'Albert Camus.

Le théâtre de l’absurde

Cette expression apparue dans les années 50 mais rejetée par les principaux représentants de ce style qui se caractérise par des récits sur  l’absurdité de l’existence et l’impossibilité de communiquer.

Précurseurs de ce courant
En France, Alfred Jarry (1873-1907), avec Ubu roi publiée en 1895 a inauguré un style déjanté, et critique envers toute forme d’abus de pouvoir.
En Italie, Luigi Pirandello (1867-1936), a aboli le récit réaliste et établi le concept de « théâtre dans le théâtre » notamment avec sa pièce Six personnages en quête d'auteur (1921) où l’illusion théâtrale est le sujet même de la pièce.

Les principaux représentants du théâtre de l’absurde

Samuel Beckett (1906-1989), auteur majeur du XXe siècle, est d’origine irlandaise mais a écrit la plus grande partie de ses textes et de son théâtre en français. Sa première pièce En attendant Godot a été mise en scène par Roger Blin au théâtre de Babylone à Paris en 1953. Suivirent notamment Fin de partie (1957), La Dernière Bande (1960) et Oh les beaux jours (1963).

A la même époque, l’avant-garde dramatique est incarnée aussi par Eugène Ionesco (1909-1994), Arthur Adamov (1908-1970) ou Jean Genet (1910-1986).
Œuvres :  Les Chaises d'Eugène Ionesco ; Les Paravents de Jean Genet.

Voir + : Arts de la scène, aux limites du théâtre.

Festival d'Avignon (1947)

Aujourd’hui l'un des premiers festivals internationaux de théâtre, le Festival d’Avignon trouve son origine dans la Semaine d’art d’Avignon programmée par Jean Vilar en 1947. Ce dernier devient en 1951 le directeur du Théâtre national populaire installé au Palais de Chaillot à Paris. Son action s’inscrit en parallèle d’un mouvement important de décentralisation qui voit la fondation des premiers centres dramatiques en province : Centre dramatique de l’Est et Comédie de Saint-Étienne en 1947 ; Comédie de l’Ouest et Grenier de Toulouse en 1949 ; Comédie de Provence en 1952, etc.

Voir + : Festival d’Avignon, 20e anniversaire

1960 - 1970 Expérimentations, recherche collective, importance du metteur en scène

Le théâtre de la seconde moitié du siècle est un théâtre fortement politisé, nourrit des mouvements contestataires pour les droits civiques, de la guerre du Vietnam et des revendications sociales.  Le rôle du metteur en scène est de plus en plus prépondérant et le théâtre s'ouvre aux cultures extra - occidentales.

États Unis

La compagnie Living theater fondée en 1947 par Judith Malina (1926-2015) et Julian Beck (1925-1985) est marquée à ces débuts par l'influence du théâtre de la cruauté d'Artaud et du théâtre épique à travers Erwin Piscator. Au tournant des années  60,  la compagnie devenue itinérante - notamment en Europe, s'engage politiquement et radicalise ses représentations où le spectateur peut aussi devenir acteur.
Filiation : Le théâtre de rue notamment en France la Compagnie Royal de luxe fondée en 1979

Le Bread and puppet theater, compagnie de théâtre employant  des  marionnettes géantes. Ce collectif fondé en 1963 propose un théâtre radical se mobilisant pour les droits civiques et la justice sociale.

Dans le monde

Le brésilien Augusto Boal (1931-2009), développe la pratique du  « théâtre de l’opprimé » qui utilise le théâtre comme moyen de changement social. Le public est impliqué dans le spectacle en devenant « spect-acteur ».

L’Odin teatret fondé par Eugenio Barba (1936) en 1964 en Norvège. Son intérêt pour les théâtres d’Asie est à l’origine de la théorie de l’anthropologie théâtrale qui est une pratique du jeu de l’acteur

En France

Peter Brook (1925 - 2022) metteur en scène anglais installé en France depuis 1970, a dirigé pendant trente-cinq ans le théâtre des Bouffes-du-Nord, lieu de représentation et de recherche sur l’espace, le corps et la voix. Il a beaucoup exploré le répertoire shakespearien mais s’intéresse à un répertoire très large, du Mahābhārata à Samuel Beckett.

Michel Vinaver (1927-2022), auteur dramatique français, écrit des pièces ancrées dans le quotidien qui évoquent la dureté du monde  de l’entreprise et la cruauté des réalités économiques. Vinaver, également cadre dirigeant a notamment été mis en scène par Antoine Vitez, Roger Planchon, Jacques Lassalle, Alain Françon, Christian Schiaretti…
Œuvres : Iphigénie Hôtel (1959), Par-dessus bord (1969) Dissident, il va sans dire (1976), À la renverse (1979) L'Ordinaire (1981) Les Voisins (1984), King (1998),  Bettencourt Boulevard (2015).

Silvia Monfort (1923-1991), grande tragédienne, travaille avec Jean Vilar et participe à l’aventure des Tréteaux de France. Elle joue également au cinéma. A partir de 1971, Monfort crée et dirige plusieurs théâtres. Novatrice et engagée, elle programme et met en scène répertoire classique et créations contemporaines. Silvia Monfort promeut les jeunes compagnies et ouvre la scène à la marionnette, au mime, à la chanson, à la danse et au cirque. Le dernier théâtre qu’elle crée, porte aujourd’hui son nom, le Théâtre Silvia Monfort à Paris.
Mises en scène : Electre (1965, 1970) ; La Cantate à trois voix (1979) ; Les Perses (1984) ; Iphigénie (1987) ; Théodore (1989) ; Les Deux voies (1989)

Ariane Mnouchkine (1939), metteuse en scène, adaptatrice, traductrice fonde en 1964 le Théâtre du Soleil. Sous forme d’une coopérative, cette troupe est installée depuis 1970 à la Cartoucherie à Vincennes. Politiquement engagée, le travail d'Ariane Mnouchkine s’inspire des théâtres asiatiques. Les pièces de l’écrivaine, poétesse, essayiste, professeure engagée dans la lutte des femmes, Hélène Cixous  (1937) sont mises en scène depuis les années 80 par le Théâtre du Soleil avec lequel elle collabore : L'Histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge (1985) L'Indiade ou l'Inde de leurs rêves ( 1987 ), Et soudain, des nuits d'éveil  (1997), Tambours sur la digue (1999),  Le Dernier Caravansérail (1999), Une chambre en Inde, (2016),  L'Île d'or (2021).
Mises en scène par Ariane Mnouchkine :
1981-1984 : Henri IV, Richard II, La Nuit des rois, de Shakespeare
1990-1992 : Les Atrides, d’Eschyle
1995 : Le Tartuffe de Molière

Deux expériences théâtrales en France
Théâtre ouvert , centre national des dramaturgies contemporaines

Crée en 1971 au Festival d’Avignon par Micheline (1936-2024)  et Lucien Attoun (1935-2023), le Théâtre ouvert s’installe en 1980 à Paris. Sa vocation est de soutenir la jeune dramaturgie, par la lecture de manuscrits, conseils aux dramaturges, résidences, publications dans la collection Tapuscrits…

La Cartoucherie de Vincennes

A la suite du Théâtre du Soleil, la Cartoucherie du Bois de Vincennes a accueilli d’autres théâtres et espaces artistiques et est devenu un lieu phare de la création théâtrale et chorégraphique :
Théâtre de la Tempête
Théâtre de l’épée de Bois
Théâtre de l’aquarium
Atelier de Paris / CDCN
Association De Recherche Des Traditions De L’acteur (Arta)

Le théâtre contemporain de 1980 à nos jours

Retour à l’intime, valorisation du texte et innovations techniques

Aujourd'hui, la dramaturgie revient à des sujets plus psychologiques où la recherche du langage est importante ; les formes retrouvent une structure plus conventionnelle. La  mise en scène emploie fréquemment des procédés de déphasage temporel, inclue d’autres formes artistiques (danse, musique,… ). Vidéo et nouvelles technologies s’invitent  sur scène.

Écrire et mettre en scène le théâtre

Marguerite Duras (1914-1996), écrivaine, dramaturge, adaptatrice et metteuse en scène, son écriture est minimaliste et son univers intemporel et poétique.
Pièces : Des journées entières dans les arbres (1968), India Song (1973), Savannah Bay (1982), l'Amant (1984)

Valère Novarina (1942) dramaturge, théoricien, adaptateur,  metteur en scène, développe avant tout un « théâtre de la parole» Ses pièces sont souvent des monologues où la recherche  verbale est centrale.
Pièces et monologues : L'Atelier volant (1974),  Le Babil des classes dangereuses (1978),  Lettre aux acteurs (1979), Le Drame de la vie (1984), Le Monologue d'Adramelech (1985), Pour Louis de Funès (1986), Le Discours aux animaux (1987), Le Théâtre des paroles (1989)

Bernard-Marie Koltès (1948-1989), il est à l’origine du courant appelé « nouveau théâtre français » ses pièces  expriment  le  refus de l’instrumentalisation politique et suivent un certain classicisme formel. Son univers poétique donne une  grande  importance au langage. Son travail est lié à celui du metteur en scène Patrice Chéreau (1944-2013) qui l’a fait connaitre et a mis en scène nombre de ses pièces.
Pièces : Sallinger (1977), La Nuit juste avant les forêts, monologue (1977), Combat de nègre et de chiens (1980), Quai ouest (1985), Dans la solitude des champs de cotons (1985), Le retour au désert (1988), Roberto Zucco (1988).

Jean-Luc Lagarce (1957-1995) dramaturge, poète et metteur en scène, évoque  la  difficulté de  communiquer, les relations familiales, l’isolement. Ses textes sont servis par une langue recherchée qui emploie fréquemment des procédés de répétition. Avec Koltès, il est le l’auteur francophone le plus joué et souvent adapté au cinéma.
Pièces : Vagues souvenirs de l'année de la peste (1982), Derniers remords avant l'oubli (1987), Music-hall ( 1988), Les Prétendants ( 1989), Juste la fin du monde (1990).

Joël Pommerat (1963), met en question écriture et mise en scène « classiques » en procédant à leur création « au plateau » de manière totale et collective. Difficile et grand public (certaines pièces s’adressent aussi aux enfants), son théâtre aborde des sujets sociétaux : travail, pouvoir, amour, famille… Depuis 1990 avec sa compagnie Louis Brouillard, il a collaboré avec de nombreuses scènes : Bouffes du Nord (où il fut en résidence auprès de Peter Brook), Odéon-théâtre de l’Europe, Théâtre national de Belgique, Théâtre des Amandiers, TNP, …
Pièces : Pinocchio (2011), La Réunification des deux Corées (2013), Cendrillon (2022), L’Inondation (2023), Marius (2024)

Angelica Liddell (1966) Espagnole, internationalement connue, elle est dramaturge, théoricienne, metteuse en scène et comédienne. Mythes anciens, mort, sexe et violence sont ses thèmes de prédilection.
Pièces : La Maison de la Force (La casa de la fuerza) (2009), You are my destiny (Lo stupro di Lucrezia) (2014), Liebestod. L'odeur du sang ne me quitte pas des yeux (2021), Charité, une approche de la peine de mort en neuf chapitres (2022)

Emma Dante (1967) Dramaturge, metteuse en scène et comédienne  sicilienne. De formation académique, elle s’exprime dans un théâtre avant-gardiste et évoque les rapports familiaux étouffants, les drames sociaux, l’histoire, les traditions et la violence de son île. Sa carrière est internationale.
Pièces : Carnezzeria (2002), Cani di bancata,  Mishelle di Sant'Oliva (2009), La trilogia degli occhiali (2011), Bestie di scena (2017)

Sarah Kane (1971-1999), dramaturge et metteuse en scène britannique, morte tragiquement, dont le théâtre très avant-gardiste et incompris en son temps  est aujourd’hui unanimement salué. L’univers de ses pièces est romantique, violent et extrémiste.
Pièces : Anéantis (Blasted) (1998), L'Amour de Phèdre (Phaedra's love) (1996), Purifiés (Cleansed) (1999), Manque (Crave) (1999), 4.48 Psychose (1999).

Vincent Macaigne (1978) mène depuis 1999 en parallèle, une carrière de comédien, dramaturge, metteur en scène et réalisateur. Son succès en 2011 à Avignon avec une adaptation d’Hamlet, le fait connaître  à un public plus large. Ses pièces, adaptées de textes de grands auteurs (Shakespeare, Dostoievski, Sarah Kane),  révèlent un théâtre épique,  libre et provocateur, qui interpelle le public par son courage et sa violence.
Pièces : Manque (2004), Requiem ou introduction à une journée sans héroïsme (2006), Idiot ! Parce que nous aurions dû nous aimer (2014), Avant la terreur (2023 et 2024).

Thomas Quillardet (1978), depuis 2004 , il est metteur en scène et auteur. Éclectique, il milite pour un théâtre populaire où le spectateur peut s’identifier et prendre du plaisir. Adaptateur  et traducteur. Il a fondé en 2015 la Compagnie du 8 avril et a été nommé co-directeur du Festival Paris l’été pour l’édition 2025.
Pièces : Les 4 jumelles (2004), Montagne (2016), Ton père  (2020), L’Arbre, le maire et la médiathèque et Une télévision française  (2021), En addicto (2022).

Diriger des théâtres

Brigitte Jaques-Wajeman (1946), comédienne, metteuse en scène de théâtre et d’opéras, adaptatrice, pédagogue,  elle a fondé la compagnie Pandora avec François Regnault  et dirigé le théâtre de la Commune de 1991 à 1997. Elle montre la modernité des grands classiques tout en contribuant  à faire connaître des auteurs modernes tels, Nicholas Wright, Tony Kushner ou encore le « théâtre musical » de Ligeti, Britten, Aperghis, qu’elle a mis en scène.
Pièces : Elvire Jouvet 40 (inspiré des notes de Charlotte Delbo) (1986) .

Olivier Py (1965), comédien, chanteur, auteur,  metteur en scène (théâtre,  opéra, cinéma), directeur de théâtres (CDN d’Orléans, Théâtre national de l’Odéon ; aujourd’hui, Théâtre du Châtelet). Il a été de 2013 à 2021 le premier artiste après Jean Vilar à diriger le Festival d’Avignon. Son théâtre protéiforme et foisonnant s’inspire parfois du music-hall et interroge le genre, l’intolérance, l’altérité.
Pièces : Les drôles (1993), La Jeune fille, le diable et le moulin (1997), L'Apocalypse joyeuse (2000), L’Orestie (2008), Prométhée enchaîné (2012), Le Roi Lear (2015), Les Mamelles de Tirésias (2024)

Wajdi Mouawad  (1968), libano-québécois  metteur en scène, dramaturge, adaptateur, comédien, directeur du Théâtre de la Colline depuis 2016. Son théâtre raconte  des histoires servies par une mise en scène foisonnante qui emploie fréquemment des procédés visuels et techniques. Il se défend de tout propos politique. L’exil, la violence et la guerre sont présents dans son œuvre. Il est également auteur d’histoires  pour enfants.
Pièces : Les Mains d'Edwige au moment de la naissance (1999), Incendies (2003), Forêts (2006), Ciels (2009), Sœurs (2019), Journée de noces chez les Cromagnons (2011), Mère (2022), Racine carrée du verbe être (2022)

Emmanuel Demarcy-Mota (1970),  metteur en scène engagé dans la réflexion sur les politiques culturelles, il est le directeur du Théâtre de la Ville depuis 2008  et du Festival d’Automne  depuis 2011. Son travail se caractérise par une grande ouverture culturelle et la volonté de tisser des liens vers l’autre (il est franco-portugais), dans une approche pluridisciplinaire. Promoteur d’un théâtre international, il développe les partenariats avec d’autres théâtres européens et invite des troupes qui jouent dans leur propre langue.

Philippe Quesne (1970), metteur en scène, plasticien, scénographe, fondateur de la compagnie Vivarium studio, il a dirigé le Théâtre des Amandiers de 2014 à 2020 et est à la tête de la Ménagerie de verre depuis 2022. Son inspiration puise autant dans l’art plastique et  le travail collectif que dans le texte. Ses mises en scène utilisent des procédés multimédias et font parfois appel à l’interactivité scène-spectateur.

Tiago Rodrigues (1977) est un dramaturge, metteur en scène, producteur, directeur portugais à la carrière et à la renommée internationale.  Il dirige le festival d’Avignon depuis l’édition de 2023. Son théâtre prolifique et multilingue,  est fortement marqué par le goût du collectif, la liberté de jeu, la recherche textuelle et l’expérimentation.

David Bobée (1978) est un metteur en scène novateur, transdisciplinaire et radicalement engagé depuis 1998. Il a dirigé le centre dramatique national de Normandie-Rouen, depuis 2021  le Théâtre du Nord (CDN) et l’école supérieure d’art dramatique du Nord depuis 2023. Son travail militant (théâtre, cirque, danse, opéra),  témoigne d’une volonté d’ouverture vers toutes les diversités.

Caroline Guiela Nguyen (1981), dramaturge, metteuse en scène, réalisatrice, a fondé en 2009 la Compagnie des Hommes approximatifs et a succédé à Stanislas Nordey à la direction du Théâtre national de Strasbourg et de son école en 2023. Son théâtre qui se veut populaire est volontiers porté par des comédiens amateurs et professionnels. Le récit a une place centrale, où les émotions se heurtent entre intime et Histoire, réel et fiction. Internationalement connue, ses pièces sont jouées dans une quinzaine de pays.
Pièces : Se souvenir de Violetta (2011) ; Ses mains, Le Bal d'Emma (2012) ; Elle brûle (2013), Le chagrin (2013 et 2015) ; Mon grand amour (2016) ; Saïgon (2017) ; Fraternité (2021) ; Kindheitsarchive (2022) ; Lacrima (2024)

Thomas Jolly (1982), nommé directeur artistique des cérémonies des Jeux Olympiques de l’été 2024, il avait auparavant dirigé le CDN Le Quai d’Angers de 2020 à 2022. Comédien, metteur en scène, créateur de spectacles, il a fondé en 2006 sa compagnie : « La Piccola familia ». La reconnaissance lui vient notamment des succès remportés à Avignon avec Henry VI en 2014 et Thyèste en 2018. Il est également metteur en scène d’opéra et a dirigé la comédie musicale Starmania.

Julien Gosselin (1987), metteur en scène, fondateur du collectif  « Si vous pouviez lécher mon cœur », il crée l’évènement à Avignon en 2013 avec son adaptation des Particules élémentaires de Michel Houellebecq. D’autres adaptations de textes de grands auteurs  vont fournir la matière à d’autres spectacles, donnant à voir un théâtre extrême, véritables fresques  mêlant musique, vidéo et danse. Le public est souvent appelé à participer. Julien Gosselin a été nommé directeur de l'Odéon - Théâtre de l'Europe en juin 2024.

Les femmes de théâtre

Depuis le rapport de Reine Prat de 2006, la place des femmes metteuses en scène est plus grande et mieux reconnue dans le monde du théâtre. Cette évolution positive ne doit pas faire oublier les nombreuses femmes de théâtre dont le travail a souvent été oublié.
Dès le XVIIe siècle, des femmes dramaturges jouissent d'une certaine reconnaissance et le XVIIIe siècle offre quelques opportunités aux femmes pour devenir directrices de théâtre avec notamment, en France, Michelle Poncet et Mademoiselle Montansier. Toutefois, ce n’est qu’au tournant du XIXe siècle que des femmes mettent en scène des spectacles.

Durant l’entre-deux-guerres des figures comme Louise Lara, Simone Jollivet, collaboratrice de Charles Dullin, ou la directrice de théâtres Cora Laparcerie ont pleinement leur part dans l’art de la mise en scène.

Dans la deuxième moitié du XXe siècle, bien que les metteurs en scène hommes restent majoritaires à la direction des théâtres et à la production des spectacles, de nouvelles générations de femmes pratiquent la mise en scène et réussissent malgré tout à se faire connaître grâce à leur esprit d'indépendance et aidées souvent dans leur combat par les mouvements féministes. Silvia Montfort ou Ariane Mnouchkine demeurent les mieux identifiées, mais bien d’autres noms méritent d’être cités : Catherine Dasté, Anne Delbée, Brigitte Jaques, Chantal Morel, Michèle Foucher, Sophie Loucachevsky, Anne-Laure Liégeois…

Aujourd’hui, Caroline Guiela Nguyen dirige le TNS, scène nationale de Strasbourg. Auparavant une seule femme, Muriel Mayette-Holtz avait dirigé un théâtre national, la Comédie-Française de 2006 à 2014.

Quelques théâtres de grandes villes ont à leur tête une femme, souvent auteure et metteuse en scène : le Théâtre de Bordeaux Aquitaine, dont la directrice est Fanny de Chaillé ; le Théâtre des 13 vents de Montpellier, codirigé par Nathalie Garraud et Olivier Saccomano ; le Volcan, scène nationale du Havre, dirigé par Camille Barnaud ; le théâtre Dijon – Bourgogne, par Maëlle Poésy…
 

Repère réalisé par Joël Huthwohl, directeur du Département des arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France et Germana Dumont, conservatrice au département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France.